Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Monsieur le Recteur d’Académie,
Mesdames et messieurs les enseignants et acteurs de la communauté éducative,
Chacun a sa propre définition de l’éducation, forgée au gré de son enfance, de son rôle de parent, ou bien d’enseignant. Fils d'enseignant, je le suis moi-même, auprès de mes étudiants à l'université.
Pour Durkheim, le fondateur de la sociologie française : “L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulièrement destiné”.
Durkheim s’affirmait alors par cette définition normative comme un sociologue du maintien de l’ordre social. Je crains que sa définition ne décrive encore trop largement la réalité des choses, la réalité des classes, malgré l’engagement de tous nos professeurs. Le principe d’égalité des chances veut qu’aucun enfant ne soit destiné à quelque trajectoire que ce soit. Il nous revient de lui donner une ouverture sur tous les possibles. C’est dès le premier âge que se forgent les destins. C’est dès les plus petites classes que l’on doit agir sur le langage, sur les langues, sur l’inclusion de tous, c’est la clé des autres apprentissages et des valeurs que nous souhaitons leur transmettre.
L’éducation est une science en éternel mouvement. D’où cette réactualisation quinquennale du projet académique. Cela tombe à pic, si j'ose dire, puisqu’il s’agit de notre priorité politique.
L’éducation comme priorité politique
La politique, c’est l’art de tisser un lien entre les femmes et les hommes d’aujourd’hui, mais aussi entre les générations. Celles d’hier, les actuelles et celles de demain. Si, à l’ère du « tout information » et des réseaux sociaux, nous sommes jugés à chaque sondage, à chaque décision, à chaque déclaration ou élection, ce sont, au final, nos enfants qui jugeront notre action politique. Nous devons faire pour eux tout ce que nous pouvons. Et même davantage.
Lorsque nous étions dans l’opposition, comme durant les deux années passées, nous avons toujours placé l’éducation au cœur de notre politique : réouverture de l’Université de Corse, innovation pédagogique pour le développement de l’éducation bilingue, stratégie d’ouverture de filières d’excellence, essor des échanges internationaux pour la recherche comme pour la formation. Je pense que nous avons tracé une voie, mais si l’organisation de l’éducation est de moins en moins centralisée par les Etats, en France, l’Etat conserve la plus grande partie de la compétence éducative, oubliant parfois même à cet égard que la Corse dispose d’un statut particulier.
Je voudrais rappeler, en ma qualité de Président de l’Assemblée de Corse, que l’éducation est aussi la condition de l’exercice démocratique. Parce que la démocratie, on le sait, ce n’est pas seulement voter, c’est voter en conscience et en étant informé. Nous avons vu et nous voyons ce que peut être le résultat d’un scrutin lorsque le vote est plus le fruit de la colère que celui d’une démarche rationnelle d’adhésion à un projet. On l'a vu aux Etats-Unis ou au Royaume Uni avec le Brexit. On constate aussi qu’en Europe le vote pour l’extrême droite est souvent corrélé à un faible niveau d’éducation.
L’éducation est le moyen de transmettre notre héritage culturel et scientifique. Elle est le moyen de créer un lien entre tous les acteurs sociaux de demain et d’anticiper les mutations sociétales, économiques et technologiques profondes que nous aurons à vivre.
Si je devais vous dire quelles sont nos priorités dans les années à venir, je dirais, comme un ancien Premier Ministre Britannique, que la première est l’éducation, la seconde l’éducation et la troisième… l’éducation. Pour répondre aux problématiques de la terre du toit et du travail. Du bien-être de l’Homme aussi.
Deux enjeux forts guident cependant notre action éducative.
D’un côté, la maîtrise du langage et la maîtrise des langues, vases communicants, dans tous les sens de la formule ; de l’autre, la véritable égalité des chances, quels que soient les origines, les sexes, les professions des parents, les langues ou tout autre critère qui serait susceptible d’être identifié comme un handicap dans la course à l’éducation et à la diplomation. La justice scolaire est la condition de la réussite de la promesse démocratique de l’Ecole publique, école à laquelle nous sommes tous profondément attachés, parce que républicains, quelle que soit la République à laquelle nous nous référons.
La fin d’une mythologie française
Pourtant, le système éducatif français est hors à bout de souffle. L’égalité des chances, étudiée et évaluée depuis les années 60, semble un horizon de plus en plus lointain malgré les déclarations d’intention des gouvernements. Plusieurs études internationales réalisées par l’OCDE, comme PIRLS ou PISA, l’indiquent. Pour résumer, elles révèlent deux points majeurs :
En Corse, c’est ce système qui s’impose, et s’il n’existe pas d’étude spécifique à notre île, malgré la demande de l’Assemblée de Corse en 2017, nous savons que le problème se pose ici avec plus d’acuité en raison d’un taux d’abandon scolaire plus élevé qu’en France et d’inégalités plus fortes ici qu’ailleurs. Il s’agit là d’inégalités sociales mais aussi d’inégalités territoriales. Si nous ne faisons rien, la situation ira de mal en pis, malgré les efforts et les compétences des enseignants et du personnel éducatif que je salue chaleureusement.
Un bilan rapide nous présente un certain nombre d’indicateurs inquiétants. J’en présenterai trois : Le rapport du CESC sur l’éducation
Face à cette situation inquiétante, j’ai demandé en 2016 une étude au Conseil Economique, Sociale et Culturel sur le système éducatif en Corse et les évolutions que nous pouvons imaginer et prévoir. Je remercie son Président, les membres de la commission ainsi que les fonctionnaires de l’actuel CESEC qui ont réalisé ce travail.
La commission ad hoc « système éducatif » du CESC, composée, entre autres, de tous les syndicats de l’éducation, propose un bilan très intéressant puisque partagé par des acteurs très divers. Elle constate d’abord que le partage des compétences éducatives entre l’Etat et la Collectivité de Corse est un frein à l’efficacité du système éducatif corse.
Elle propose quelques chiffres inquiétants :
La conclusion du rapport du CESC, voté à l’unanimité du conseil, est claire : nos marges de manœuvre, nos possibilités d’actions pour gommer les inégalités sociales au sein du système éducatif sont limitées car nous dépendons des politiques parisiennes. Une réponse uniforme à des préoccupations différenciées localement et territorialement n’est pas appropriée, voire accentue les inégalités.
Concernant maintenant les langues et la maîtrise du langage, si la langue corse ne doit pas concentrer toute notre attention, c’est néanmoins l’Ecole qui l’a dévalorisée aux yeux de nos anciens. C’est l’Ecole qui, au nom de ce devoir de réparation et parce qu’elle socialise tous les enfants de notre île, doit apporter des réponses efficaces à la normalisation de notre langue. Sait-on seulement combien de jeunes sortent du système éducatif en maîtrisant la langue corse au niveau B2, celui qui permet d’utiliser la langue dans quelques situations de la vie courante ?
Nous souhaitons qu’une évaluation accompagnée de processus de formation initiale et continue renforcés soient mis en œuvre dans ce projet académique. Que l’on définisse ce qu’est une classe bilingue, ce que l’on en attend vraiment. Nous souhaitons que les filières du secondaire, quelles qu’elles soient, deviennent bilingues : Classe à Horaire Aménagés et sections sportives ne sauraient être exemptées de cette volonté en raison de contraintes horaires hebdomadaires. Notre langue doit sortir du ghetto scolaire dans lequel elle se retrouve prise au piège. Cela passera par l’application minutieuse du Plan Lingua 2020 et notamment l’ouverture du seul concours bilingue de recrutement des professeurs des écoles. C’est ce passage décisif qui permettra de scolariser d’ici 2030 tous les élèves en classe bilingue et qui permettra de supprimer les filières avec tous les effets pervers qu’elles comportent, de disposer du vivier d’enseignants correspondant aux enjeux et aux défis face auxquels nous sommes confrontés et pour lesquels nous devons trouver des solutions.
Changeons notre système éducatif
Les systèmes éducatifs peuvent être changés. Nous pouvons changer le nôtre. Nous devons le faire ! Les pays désormais en tête selon l’étude PISA étaient en fin de classement il y a vingt ou trente ans. C’était le cas de Singapour, par exemple, en 1990. Il est aujourd’hui parmi les premiers après avoir transformé son système éducatif, en privilégiant la formation des enseignants. Les pays du Nord de l’Europe, eux, ont choisi de valoriser les métiers de l’enseignement et de la formation, de soutenir l’innovation, de favoriser l’autonomie des établissements et d’abandonner les systèmes traditionnels de notation.
Selon nous, l’enseignement majeur à retirer de l’étude PISA est le suivant : la réussite d’un système éducatif est conditionnée à la possibilité pour un pays d’évaluer lui-même son système, de définir les améliorations à apporter et de pouvoir les mettre en œuvre lui-même. Il n’existe pas de modèle unique qui conviendrait à tous les pays. Chacun doit construire son propre modèle.
C’est la raison pour laquelle, l’an passé, l’Assemblée de Corse a voté pour un cadre normatif spécifique qui doit nous permettre de développer des stratégies éducatives ambitieuses pour nos jeunes.
Il ne peut y avoir d’émancipation individuelle et collective que par la construction d’un système éducatif plus juste, plus performant, plus technologique, plus adapté à ce que nous sommes et directement piloté depuis la Corse.
Je vous remercie.
Monsieur le Recteur d’Académie,
Mesdames et messieurs les enseignants et acteurs de la communauté éducative,
Chacun a sa propre définition de l’éducation, forgée au gré de son enfance, de son rôle de parent, ou bien d’enseignant. Fils d'enseignant, je le suis moi-même, auprès de mes étudiants à l'université.
Pour Durkheim, le fondateur de la sociologie française : “L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulièrement destiné”.
Durkheim s’affirmait alors par cette définition normative comme un sociologue du maintien de l’ordre social. Je crains que sa définition ne décrive encore trop largement la réalité des choses, la réalité des classes, malgré l’engagement de tous nos professeurs. Le principe d’égalité des chances veut qu’aucun enfant ne soit destiné à quelque trajectoire que ce soit. Il nous revient de lui donner une ouverture sur tous les possibles. C’est dès le premier âge que se forgent les destins. C’est dès les plus petites classes que l’on doit agir sur le langage, sur les langues, sur l’inclusion de tous, c’est la clé des autres apprentissages et des valeurs que nous souhaitons leur transmettre.
L’éducation est une science en éternel mouvement. D’où cette réactualisation quinquennale du projet académique. Cela tombe à pic, si j'ose dire, puisqu’il s’agit de notre priorité politique.
L’éducation comme priorité politique
La politique, c’est l’art de tisser un lien entre les femmes et les hommes d’aujourd’hui, mais aussi entre les générations. Celles d’hier, les actuelles et celles de demain. Si, à l’ère du « tout information » et des réseaux sociaux, nous sommes jugés à chaque sondage, à chaque décision, à chaque déclaration ou élection, ce sont, au final, nos enfants qui jugeront notre action politique. Nous devons faire pour eux tout ce que nous pouvons. Et même davantage.
Lorsque nous étions dans l’opposition, comme durant les deux années passées, nous avons toujours placé l’éducation au cœur de notre politique : réouverture de l’Université de Corse, innovation pédagogique pour le développement de l’éducation bilingue, stratégie d’ouverture de filières d’excellence, essor des échanges internationaux pour la recherche comme pour la formation. Je pense que nous avons tracé une voie, mais si l’organisation de l’éducation est de moins en moins centralisée par les Etats, en France, l’Etat conserve la plus grande partie de la compétence éducative, oubliant parfois même à cet égard que la Corse dispose d’un statut particulier.
Je voudrais rappeler, en ma qualité de Président de l’Assemblée de Corse, que l’éducation est aussi la condition de l’exercice démocratique. Parce que la démocratie, on le sait, ce n’est pas seulement voter, c’est voter en conscience et en étant informé. Nous avons vu et nous voyons ce que peut être le résultat d’un scrutin lorsque le vote est plus le fruit de la colère que celui d’une démarche rationnelle d’adhésion à un projet. On l'a vu aux Etats-Unis ou au Royaume Uni avec le Brexit. On constate aussi qu’en Europe le vote pour l’extrême droite est souvent corrélé à un faible niveau d’éducation.
L’éducation est le moyen de transmettre notre héritage culturel et scientifique. Elle est le moyen de créer un lien entre tous les acteurs sociaux de demain et d’anticiper les mutations sociétales, économiques et technologiques profondes que nous aurons à vivre.
Si je devais vous dire quelles sont nos priorités dans les années à venir, je dirais, comme un ancien Premier Ministre Britannique, que la première est l’éducation, la seconde l’éducation et la troisième… l’éducation. Pour répondre aux problématiques de la terre du toit et du travail. Du bien-être de l’Homme aussi.
Deux enjeux forts guident cependant notre action éducative.
D’un côté, la maîtrise du langage et la maîtrise des langues, vases communicants, dans tous les sens de la formule ; de l’autre, la véritable égalité des chances, quels que soient les origines, les sexes, les professions des parents, les langues ou tout autre critère qui serait susceptible d’être identifié comme un handicap dans la course à l’éducation et à la diplomation. La justice scolaire est la condition de la réussite de la promesse démocratique de l’Ecole publique, école à laquelle nous sommes tous profondément attachés, parce que républicains, quelle que soit la République à laquelle nous nous référons.
La fin d’une mythologie française
Pourtant, le système éducatif français est hors à bout de souffle. L’égalité des chances, étudiée et évaluée depuis les années 60, semble un horizon de plus en plus lointain malgré les déclarations d’intention des gouvernements. Plusieurs études internationales réalisées par l’OCDE, comme PIRLS ou PISA, l’indiquent. Pour résumer, elles révèlent deux points majeurs :
- La France détient la première place en matière d’augmentation des inégalités ; l’origine sociale des écoliers influe sur les résultats des enfants et l’école creuse même les écarts sociaux initiaux.
- Le niveau des jeunes continue de baisser, en même temps que la performance du système éducatif.
En Corse, c’est ce système qui s’impose, et s’il n’existe pas d’étude spécifique à notre île, malgré la demande de l’Assemblée de Corse en 2017, nous savons que le problème se pose ici avec plus d’acuité en raison d’un taux d’abandon scolaire plus élevé qu’en France et d’inégalités plus fortes ici qu’ailleurs. Il s’agit là d’inégalités sociales mais aussi d’inégalités territoriales. Si nous ne faisons rien, la situation ira de mal en pis, malgré les efforts et les compétences des enseignants et du personnel éducatif que je salue chaleureusement.
Un bilan rapide nous présente un certain nombre d’indicateurs inquiétants. J’en présenterai trois :
- La scolarisation à deux ans recule depuis 10 ans et apparait très en deçà de la moyenne. Je crois à ce sujet que le Président de la République partage ce constat puisqu’il devrait annoncer aujourd’hui même la scolarisation obligatoire dès 3 ans. Comme quoi, il arrive parfois que nous soyons d’accord !
- Mais notre académie est aussi celle qui compte avec Créteil, le plus grand nombre d’enseignants contractuels. C’est une situation que nous comprenons d’autant plus mal que de nombreux néo-certifiés quittent notre académie chaque année, même lorsqu’ils sont bilingues. Permettez-moi Monsieur le Recteur de vous dire que cette situation demeure injuste et incompréhensible.
- Nous comptons plus de 33% de petites écoles. La prise en compte du relief de la Corse a un coût. Permettez-moi là encore Monsieur le Recteur, de vous rappeler que le maintien des écoles rurales demeure une priorité et qu’il nous parait par ailleurs au mieux incongru, au pire, injuste, que : « dans les collèges de l’éducation prioritaire, le taux d’encadrement soit [est] supérieur dans toutes les académies à l’exception de la Corse ». Ce sont les mots employés par le rapport « Géographie de l’Ecole 2017 » du Ministère de l’Education. Autrement dit, en Corse, l’éducation prioritaire est une étiquette qui ne correspond pas au produit, au détriment des élèves les plus défavorisés.
Face à cette situation inquiétante, j’ai demandé en 2016 une étude au Conseil Economique, Sociale et Culturel sur le système éducatif en Corse et les évolutions que nous pouvons imaginer et prévoir. Je remercie son Président, les membres de la commission ainsi que les fonctionnaires de l’actuel CESEC qui ont réalisé ce travail.
La commission ad hoc « système éducatif » du CESC, composée, entre autres, de tous les syndicats de l’éducation, propose un bilan très intéressant puisque partagé par des acteurs très divers. Elle constate d’abord que le partage des compétences éducatives entre l’Etat et la Collectivité de Corse est un frein à l’efficacité du système éducatif corse.
Elle propose quelques chiffres inquiétants :
- 38% des jeunes entre 15 et 24 ans ne possèdent aucun diplôme ou, tout au plus, possèdent le brevet des collèges
- 45% des 4400 jeunes de moins de trente ans sans activité et sortis du système éducatif ne possèdent aucun diplôme ou, tout au plus, possèdent le brevet des collèges
- Le taux de scolarisation des 16-25 ans deux fois plus faible que la moyenne française
La conclusion du rapport du CESC, voté à l’unanimité du conseil, est claire : nos marges de manœuvre, nos possibilités d’actions pour gommer les inégalités sociales au sein du système éducatif sont limitées car nous dépendons des politiques parisiennes. Une réponse uniforme à des préoccupations différenciées localement et territorialement n’est pas appropriée, voire accentue les inégalités.
Concernant maintenant les langues et la maîtrise du langage, si la langue corse ne doit pas concentrer toute notre attention, c’est néanmoins l’Ecole qui l’a dévalorisée aux yeux de nos anciens. C’est l’Ecole qui, au nom de ce devoir de réparation et parce qu’elle socialise tous les enfants de notre île, doit apporter des réponses efficaces à la normalisation de notre langue. Sait-on seulement combien de jeunes sortent du système éducatif en maîtrisant la langue corse au niveau B2, celui qui permet d’utiliser la langue dans quelques situations de la vie courante ?
Nous souhaitons qu’une évaluation accompagnée de processus de formation initiale et continue renforcés soient mis en œuvre dans ce projet académique. Que l’on définisse ce qu’est une classe bilingue, ce que l’on en attend vraiment. Nous souhaitons que les filières du secondaire, quelles qu’elles soient, deviennent bilingues : Classe à Horaire Aménagés et sections sportives ne sauraient être exemptées de cette volonté en raison de contraintes horaires hebdomadaires. Notre langue doit sortir du ghetto scolaire dans lequel elle se retrouve prise au piège. Cela passera par l’application minutieuse du Plan Lingua 2020 et notamment l’ouverture du seul concours bilingue de recrutement des professeurs des écoles. C’est ce passage décisif qui permettra de scolariser d’ici 2030 tous les élèves en classe bilingue et qui permettra de supprimer les filières avec tous les effets pervers qu’elles comportent, de disposer du vivier d’enseignants correspondant aux enjeux et aux défis face auxquels nous sommes confrontés et pour lesquels nous devons trouver des solutions.
Changeons notre système éducatif
Les systèmes éducatifs peuvent être changés. Nous pouvons changer le nôtre. Nous devons le faire ! Les pays désormais en tête selon l’étude PISA étaient en fin de classement il y a vingt ou trente ans. C’était le cas de Singapour, par exemple, en 1990. Il est aujourd’hui parmi les premiers après avoir transformé son système éducatif, en privilégiant la formation des enseignants. Les pays du Nord de l’Europe, eux, ont choisi de valoriser les métiers de l’enseignement et de la formation, de soutenir l’innovation, de favoriser l’autonomie des établissements et d’abandonner les systèmes traditionnels de notation.
Selon nous, l’enseignement majeur à retirer de l’étude PISA est le suivant : la réussite d’un système éducatif est conditionnée à la possibilité pour un pays d’évaluer lui-même son système, de définir les améliorations à apporter et de pouvoir les mettre en œuvre lui-même. Il n’existe pas de modèle unique qui conviendrait à tous les pays. Chacun doit construire son propre modèle.
C’est la raison pour laquelle, l’an passé, l’Assemblée de Corse a voté pour un cadre normatif spécifique qui doit nous permettre de développer des stratégies éducatives ambitieuses pour nos jeunes.
Il ne peut y avoir d’émancipation individuelle et collective que par la construction d’un système éducatif plus juste, plus performant, plus technologique, plus adapté à ce que nous sommes et directement piloté depuis la Corse.
Je vous remercie.