Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi
Signore è signori i cunsiglieri à l’Assemblea di Corsica
Care tutte, cari tutti,
Oghje a raprisentazione demucratica corsa s’addunisce per a prima volta dipoi à l’agressionne è a morte d’Yvan Colonna.
Cume l’aghju detta sta mane, dipoi un mese, simu à tempu cumossi da a so morte tragica d’Yvan Colonna è impittati à una crisa pulitica maiò, marcata da una mubilisazione pupulare tremende, in particulare di a ghjuventù.
La visite du ministre Darmanin dépêché en urgence, dans un contexte électoral très singulier, souligne combien l’Etat a pris la mesure de l’onde choc provoquée par cet assassinat.
Un premier échange a eu lieu le 16 mars. Une première prise d’actes aussi avec le rapprochement programmé des prisonniers politiques. Cette première rencontre n’a pas été le moment historique espéré par certains, le moment qui permet de passer du conflit au dialogue puis à la construction d’une solution viable. Très objectivement ce ne pouvait être le cas les 16 et 17 Mars derniers.
Par contre, tout le monde a exprimé le souhait de sortir d’un cycle de méconnaissance, de non-reconnaissance et d’incompréhension de nos attentes et de nos espoirs pour entamer un nouveau cycle de relations apaisées et constructives, visant à définir une nouvelle place et de nouvelles compétences institutionnelles pour notre île.
Deux questions se posent alors à nous Assemblée de Corse et Conseil exécutif de Corse, garante des intérêts matériels et moraux du peuple corse, peuple qui attend aussi des réponses de notre part :
D’abord, comment tourner la page sans rien oublier du passé mais en « retirant à la haine son éternité » pour reprendre quelque peu la pensée de Barbara Cassin ?
Il convient de choisir le moment où il n’y a ni vainqueur, ni vaincu, un moment qui n’est pas encore celui de la paix mais un moment où la logique de la confrontation doit céder le pas à la réconciliation et à la négociation.
Et ce moment ne peut être le moment crise parce que la crise est un point de retournement consécutif à un choc qui engendre une période de décompensation, de dépression pendant lequel s’exprime notamment par la contestation. Le contexte de crise ne permet pas de discerner dans le fracas quelles sont les solutions possibles, de reconnaître l’autre à la fois comme différent mais aussi comme partenaire, d’accepter la persistance de ces différences tout en engageant un premier langage commun de réconciliation.
A mon sens s’il doit y avoir un préalable et un seul, il faut provoquer ce moment, cette synchronicité – choisir de participer pleinement à ce kairos comme l’appelaient les grecs – et une urgence.
Comment construire le prochain cycle ?
Donner des signes, des gestes forts. Un signe a été donné le 16 Mars. Un signe d’ouverture : le rapprochement des prisonniers politiques. Un signe de transparence qui est certes encore une promesse : l’engagement de révéler toute la vérité et œuvrer pour que justice soit rendue pour Yvan Colonna.
Bien sûr, nous devons être vigilants dans le contexte électoral vis-à-vis des promesses, dans charivari de déferlement médiatique et sur les réseaux sociaux qui irrite les esprits, parasite les réflexions, et qui rend les échanges sincères inaudibles.
Commencer aussi par reconnaitre nos différences et nos divergences. J’entends depuis plusieurs jours parler de fossé, de distance, de fractures, de logiciels différents que nous aurions… pesons nos mots et parlons un langage commun car la surenchère sémantique peut être tout aussi dévastatrice que les actes. Des différences ? Oui et c’est bien là la richesse des nations. Elles sont culturelles, linguistiques, sociales. Est-ce un problème d’identité ? Je ne le crois pas, en tout cas pas pour nous. Car notre identité est une identité plurielle, additive et inclusive. Qui n’enlève rien à personne.
Nier en préalable ces évidences conduit à établir « par principe » qu’il n’y a pas de peuple corse, pas de langue corse, et cela ne permettra pas de progresser dans l’échange. Au moment où le Ministre et le président de l’exécutif, à la suite de cette rencontre souhaitent amorcer l’ouverture d’un nouveau cycle de relations, donnons-nous collectivement la chance de pouvoir nous exprimer sur tout. Et sans posture, sans tabou.
Alors de notre côté, nous nationalistes mais plus largement élus de cette assemblée devons faire notre part de chemin : il consiste à travailler encore et avant tout. Travailler à un consensus sur le contenu de l’autonomie. En définir les objectifs, les modalités et le calendrier. Cela suppose de travailler. Cela a été fait dans le cadre de la commission sur les compétences législatives et les évolutions statutaires de la Corse présidée par Romain Colonna. Et il reste encore beaucoup de travail. Nous devons poser les termes de la discussion, nous accorder d’abord entre nous au travers d’une convergence programmatique pour proposer notre conception de l’autonomie. Une autonomie qui ne sera pas un artifice ou un fétiche mais un outil, un outil dynamique, qui répond concrètement à tous les besoins de la population, de la reconnaissance du peuple et de la langue jusqu’à la cherté de la vie en passant par la menace environnementale et la question foncière.
Enfin, il faudra poser les termes des négociations, très clairement, avec nos interlocuteurs du gouvernement et nous entendre de manière intelligible sur le sens des mots et le sens des actes. On ne peut pas envisager que là où se joue l’avenir de la Corse et celui de la jeunesse, les uns ou les autres sortent des réunions de travail sans avoir compris la même chose.
Il convient d’utiliser même langue, poser les mêmes mots et être en capacité d’expliquer à la population, corses, non corses, d’expliquer ce que nous voulons, de faire de la pédagogie
De notre côté, représentants démocratiques du peuple légitimés par les Corses à travers le suffrage universel, devons dire si oui ou non nous sommes ouverts au dialogue et aux négociations. Je considère que les Corses nous ont élus pour cela. Nous avons leur mandat pour mener cette négociation politique pour l’autonomie. Chacun s’exprimera sur ce sujet.
Je vous rappelle que c’est avec la création de cette assemblée, il y a 40 ans, le 2 mars, par un malheureux hasard de calendrier, qu’a commencé ce cheminement pour la reconnaissance, des particularités et de la singularité de la Corse. C’est au travers de ce parlement que les Corses sont représentés et décident de leur avenir.
Nous n’avons pas le droit d’échouer, je vais vous dire mieux : nous n’avons pas le choix. Nous avons un devoir de réussite, pour nos enfants, pour ceux qui naîtront ici de parents venus d’ailleurs, pour tous ces enfants
Notre argumentaire, mais celui de l’Etat, doit être logique, méthodique et transparent. Il devra être purgé des tabous, des non-dits, des comparaisons fallacieuses, des intérêts particuliers, des dogmatismes et des lignes rouges arbitraires qui limitent inutilement les discussions.
qui doivent pouvoir choisir : choisir de vivre sur cette terre, choisir d’en partir, choisir de parler le corse comme le français.
Et pour cela il faut leur reconnaître des droits singuliers qui existent d’ailleurs dans d’autres endroit en Europe ou en France.
Avemu tutti un duvere di riescita per a storia, per u populu, per chi i sacrifizi di i nostri patriotti ùn sianu vani.
A ringrazia vi.
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi
Signore è signori i cunsiglieri à l’Assemblea di Corsica
Care tutte, cari tutti,
Oghje a raprisentazione demucratica corsa s’addunisce per a prima volta dipoi à l’agressionne è a morte d’Yvan Colonna.
Cume l’aghju detta sta mane, dipoi un mese, simu à tempu cumossi da a so morte tragica d’Yvan Colonna è impittati à una crisa pulitica maiò, marcata da una mubilisazione pupulare tremende, in particulare di a ghjuventù.
La visite du ministre Darmanin dépêché en urgence, dans un contexte électoral très singulier, souligne combien l’Etat a pris la mesure de l’onde choc provoquée par cet assassinat.
Un premier échange a eu lieu le 16 mars. Une première prise d’actes aussi avec le rapprochement programmé des prisonniers politiques. Cette première rencontre n’a pas été le moment historique espéré par certains, le moment qui permet de passer du conflit au dialogue puis à la construction d’une solution viable. Très objectivement ce ne pouvait être le cas les 16 et 17 Mars derniers.
Par contre, tout le monde a exprimé le souhait de sortir d’un cycle de méconnaissance, de non-reconnaissance et d’incompréhension de nos attentes et de nos espoirs pour entamer un nouveau cycle de relations apaisées et constructives, visant à définir une nouvelle place et de nouvelles compétences institutionnelles pour notre île.
Deux questions se posent alors à nous Assemblée de Corse et Conseil exécutif de Corse, garante des intérêts matériels et moraux du peuple corse, peuple qui attend aussi des réponses de notre part :
Comment allons-nous sortir du cycle présent ?
Comment allons-nous construire le prochain ?
Comment allons-nous construire le prochain ?
D’abord, comment tourner la page sans rien oublier du passé mais en « retirant à la haine son éternité » pour reprendre quelque peu la pensée de Barbara Cassin ?
Il convient de choisir le moment où il n’y a ni vainqueur, ni vaincu, un moment qui n’est pas encore celui de la paix mais un moment où la logique de la confrontation doit céder le pas à la réconciliation et à la négociation.
Et ce moment ne peut être le moment crise parce que la crise est un point de retournement consécutif à un choc qui engendre une période de décompensation, de dépression pendant lequel s’exprime notamment par la contestation. Le contexte de crise ne permet pas de discerner dans le fracas quelles sont les solutions possibles, de reconnaître l’autre à la fois comme différent mais aussi comme partenaire, d’accepter la persistance de ces différences tout en engageant un premier langage commun de réconciliation.
A mon sens s’il doit y avoir un préalable et un seul, il faut provoquer ce moment, cette synchronicité – choisir de participer pleinement à ce kairos comme l’appelaient les grecs – et une urgence.
Comment construire le prochain cycle ?
Donner des signes, des gestes forts. Un signe a été donné le 16 Mars. Un signe d’ouverture : le rapprochement des prisonniers politiques. Un signe de transparence qui est certes encore une promesse : l’engagement de révéler toute la vérité et œuvrer pour que justice soit rendue pour Yvan Colonna.
Bien sûr, nous devons être vigilants dans le contexte électoral vis-à-vis des promesses, dans charivari de déferlement médiatique et sur les réseaux sociaux qui irrite les esprits, parasite les réflexions, et qui rend les échanges sincères inaudibles.
Commencer aussi par reconnaitre nos différences et nos divergences. J’entends depuis plusieurs jours parler de fossé, de distance, de fractures, de logiciels différents que nous aurions… pesons nos mots et parlons un langage commun car la surenchère sémantique peut être tout aussi dévastatrice que les actes. Des différences ? Oui et c’est bien là la richesse des nations. Elles sont culturelles, linguistiques, sociales. Est-ce un problème d’identité ? Je ne le crois pas, en tout cas pas pour nous. Car notre identité est une identité plurielle, additive et inclusive. Qui n’enlève rien à personne.
Nier en préalable ces évidences conduit à établir « par principe » qu’il n’y a pas de peuple corse, pas de langue corse, et cela ne permettra pas de progresser dans l’échange. Au moment où le Ministre et le président de l’exécutif, à la suite de cette rencontre souhaitent amorcer l’ouverture d’un nouveau cycle de relations, donnons-nous collectivement la chance de pouvoir nous exprimer sur tout. Et sans posture, sans tabou.
Alors de notre côté, nous nationalistes mais plus largement élus de cette assemblée devons faire notre part de chemin : il consiste à travailler encore et avant tout. Travailler à un consensus sur le contenu de l’autonomie. En définir les objectifs, les modalités et le calendrier. Cela suppose de travailler. Cela a été fait dans le cadre de la commission sur les compétences législatives et les évolutions statutaires de la Corse présidée par Romain Colonna. Et il reste encore beaucoup de travail. Nous devons poser les termes de la discussion, nous accorder d’abord entre nous au travers d’une convergence programmatique pour proposer notre conception de l’autonomie. Une autonomie qui ne sera pas un artifice ou un fétiche mais un outil, un outil dynamique, qui répond concrètement à tous les besoins de la population, de la reconnaissance du peuple et de la langue jusqu’à la cherté de la vie en passant par la menace environnementale et la question foncière.
Enfin, il faudra poser les termes des négociations, très clairement, avec nos interlocuteurs du gouvernement et nous entendre de manière intelligible sur le sens des mots et le sens des actes. On ne peut pas envisager que là où se joue l’avenir de la Corse et celui de la jeunesse, les uns ou les autres sortent des réunions de travail sans avoir compris la même chose.
Il convient d’utiliser même langue, poser les mêmes mots et être en capacité d’expliquer à la population, corses, non corses, d’expliquer ce que nous voulons, de faire de la pédagogie
De notre côté, représentants démocratiques du peuple légitimés par les Corses à travers le suffrage universel, devons dire si oui ou non nous sommes ouverts au dialogue et aux négociations. Je considère que les Corses nous ont élus pour cela. Nous avons leur mandat pour mener cette négociation politique pour l’autonomie. Chacun s’exprimera sur ce sujet.
Je vous rappelle que c’est avec la création de cette assemblée, il y a 40 ans, le 2 mars, par un malheureux hasard de calendrier, qu’a commencé ce cheminement pour la reconnaissance, des particularités et de la singularité de la Corse. C’est au travers de ce parlement que les Corses sont représentés et décident de leur avenir.
Nous n’avons pas le droit d’échouer, je vais vous dire mieux : nous n’avons pas le choix. Nous avons un devoir de réussite, pour nos enfants, pour ceux qui naîtront ici de parents venus d’ailleurs, pour tous ces enfants
Notre argumentaire, mais celui de l’Etat, doit être logique, méthodique et transparent. Il devra être purgé des tabous, des non-dits, des comparaisons fallacieuses, des intérêts particuliers, des dogmatismes et des lignes rouges arbitraires qui limitent inutilement les discussions.
qui doivent pouvoir choisir : choisir de vivre sur cette terre, choisir d’en partir, choisir de parler le corse comme le français.
Et pour cela il faut leur reconnaître des droits singuliers qui existent d’ailleurs dans d’autres endroit en Europe ou en France.
Avemu tutti un duvere di riescita per a storia, per u populu, per chi i sacrifizi di i nostri patriotti ùn sianu vani.
A ringrazia vi.
* Seul le prononcé fait foi