Sgiò Presidente di l’esecutivu
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica
Care tutte, cari tutti,
Hier, comme chaque année se tenait la journée internationale des droits des femmes. Elle revêt un caractère particulier cette année dans un contexte international particulièrement préoccupant dans ce domaine : il suffit de rappeler la décision de la cour suprême américaine du 24 juin dernier relative à l’IVG, les conséquences de la guerre pour les femmes en Ukraine, les répercussions de la crise sanitaire sur le quotidien de milliers de femmes…
En Corse comme ailleurs, les violences sexistes et sexuelles sont un fléau. Les travailleurs de la santé et du social le savent, notre territoire n’est en aucun cas épargné. Les droits des femmes sont cesse en péril, ici comme ailleurs. C’est pour ces raisons, que j’ai tenu, à l’occasion de cette journée à signer, avec près de 50 autres élu.e.s, un appel pour demander un plan d’urgence en faveur de l’égalité femmes-hommes dans les territoires. Sur ce terrain, comme sur d’autres, le compte n’y est pas et les moyens restent trop faibles pour affronter de manière efficace le problème.
La Conseillère exécutive Lauda Guidicelli s’est saisie du sujet avec force et détermination et nous aurons à examiner son rapport sur l’égalité hommes-femmes et l’action de notre collectivité dans ce domaine.
Je voudrais évoquer, au-delà de la qualité de la politique publique que nous pouvons mener, ce qui - selon moi - est l’essence politique du sujet de l’égalité hommes-femmes. Je ne reviendrai pas sur la question de la représentation des femmes dans l’espace politique garantie aujourd’hui en France par la loi sur la parité, ni sur la légitimité démocratique de leur présence car à partir du moment où nous sommes en régime démocratique, le peuple dans toutes ses composantes exerce un pouvoir, donc les femmes peuvent exercer le pouvoir politique.
La question que je me pose et que je vous invite à vous poser à l’aune de ce rapport et de cette tribune c’est la réelle capacité politique des femmes à impulser le changement, le conduire et œuvrer à la transformation de ce pays. Nous avons tous en mémoire Simone Veil bien sûr première femme présidente du Parlement, rapporteur de la loi sur l’IVG et de tant d’autres. Mais il s’est toujours agi d’une action politique réactive au sort réservé aux femmes. Et nous femmes et hommes politiques, s’agissant du rôle politique des femmes sommes toujours dans cette posture réactive car, il faut bien le dire, rien n’est totalement acquis malgré la parité, notamment en matière d’égalité salariale, sociale et ou de pouvoir économique.
J’ai en mémoire les travaux d’Armatya Sen et de Carol PATEMAN*, mais aussi plus proches de nous l’ouvrage d’Edmond Simeoni qui en 2008 considérait que l’avenir de la Corse résidait dans le potentiel économique et politique des femmes insuffisamment mis en valeur dans les démocraties modernes. Il n’est donc pas seulement question de symboles, d’égalitarisme, de féminisme, non. Il s’agit, à un moment précis de la trajectoire séculaire d’un peuple, de mobiliser toutes les capacités de ses composantes au-delà des différences et notamment celles de genre, pour écrire une nouvelle page de son histoire, garantir ses droits individuels et collectifs comme les conditions matérielles et immatérielles de sa survie. Et dans ce projet, les femmes doivent avoir toutes leur place.
Et en guise de propos liminaires sur le débat que nous aurons tout à l’heure sur les négociations avec Paris, répondre aujourd’hui aux défis auxquels la Corse est confrontée passe inévitablement par une réflexion sur le transfert de moyens en faveur de l’égalité de genre.
Avec la prudence et la conscience qui doivent guider notre chemin, une fenêtre d’opportunité unique semble s’être ouverte avec la présence du Président Macron le 24 février dernier lors de notre 3ème réunion.
Son intention d’intégrer la Corse dans son projet de révision constitutionnelle nous offre une perspective concrète et il convient dès lors de nous mobiliser. Si nous avons l’exigence de travailler sur les défis sectoriels et thématiques (foncier, social et d’autres à venir), il convient désormais de dire et de décrire quel est le cadre autonomique dans lequel nous souhaitons évoluer. Ouvrir le champ des possibles d’une révision constitutionnelle dans un calendrier particulièrement contraint nous oblige à travailler dès à présent sur les mots et termes qui devront traduire notre projet dans le texte fondamental.
Alors, sans rentrer dans les détails juridiques, et en référence au modèle açorien qui a été présenté lors de la réunion du 24 février, laissez-moi ici vous citer 2 passages de ce statut, dont le préambule se révèle particulièrement inspirant pour l’autonomiste que je suis, qui méritent - à mon sens - d’« infuser » en chacun d’entre nous.
Art 3 : « La Région poursuit, par l’action de ses organes de gouvernement propres, les objectifs suivants :
…
b) le renforcement de l’unité nationale et des liens de solidarité entre tous les Portugais,
c) La défense et la promotion de l’identité, des valeurs et intérêts des Açoriens et de leur patrimoine historique ;
d) Le développement économique et social de la Région, le bien-être et la qualité de vie des populations, fondés sur la cohésion économique, sociale et territoriale, ainsi que la convergence avec le reste du territoire nationale et de l’UE.
…
f) L’atténuation des effets défavorables (…) de l’insularité.
…
Art 10 : « La Région assume les fonctions qu’elle peut accomplir de manière plus efficace et plus adaptée que l’Etat ».
Ces deux citations démontrent – et ce quelle que soit notre appartenance politique – qu’il est possible de traduire juridiquement, et constitutionnellement, le projet d’une île qui dans le respect de sa spécificité et du principe de subsidiarité, n’aspire in fine qu’à pouvoir concrètement agir au plus près de ses citoyens, pour ses citoyens.
Le temps des travaux techniques à ce sujet viendra, tout comme les échanges sur les mesures concrètes sur le foncier et autres domaines, mais la question de fond reste bien celle du projet d’autonomie.
Per compie, avvemu tutti à mente chi un annu fà, eramu tutti in carrughju, stumacati da l’agressione d’Yvan Colonna. E c’eranu donne , ghjuvanotte quante omi è ghjuvanotti ! A risposta pupulare tandu facia pensà à a nascita di un veranu per a corsica. E se u ricordu è u traumatisimu so’ sempre acuti, oghje tocca à noi à fà sbuccià u fiore di a speranza.
Allora, cù cuscienza è impegnu mettimuci inseme à travaglià pè esse all’altezza di un prugettu novu e innuvativu pè a nostra isula. Emu poche settimane pè scrive ciò che no vulemu pè a Corsica d’oghje è quella di dumane.
Mà simu, donne è omi, l’Assemblea di Corsica, u populu corsu, è a pudemu fà !
Vi ringraziu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica
Care tutte, cari tutti,
Hier, comme chaque année se tenait la journée internationale des droits des femmes. Elle revêt un caractère particulier cette année dans un contexte international particulièrement préoccupant dans ce domaine : il suffit de rappeler la décision de la cour suprême américaine du 24 juin dernier relative à l’IVG, les conséquences de la guerre pour les femmes en Ukraine, les répercussions de la crise sanitaire sur le quotidien de milliers de femmes…
En Corse comme ailleurs, les violences sexistes et sexuelles sont un fléau. Les travailleurs de la santé et du social le savent, notre territoire n’est en aucun cas épargné. Les droits des femmes sont cesse en péril, ici comme ailleurs. C’est pour ces raisons, que j’ai tenu, à l’occasion de cette journée à signer, avec près de 50 autres élu.e.s, un appel pour demander un plan d’urgence en faveur de l’égalité femmes-hommes dans les territoires. Sur ce terrain, comme sur d’autres, le compte n’y est pas et les moyens restent trop faibles pour affronter de manière efficace le problème.
La Conseillère exécutive Lauda Guidicelli s’est saisie du sujet avec force et détermination et nous aurons à examiner son rapport sur l’égalité hommes-femmes et l’action de notre collectivité dans ce domaine.
Je voudrais évoquer, au-delà de la qualité de la politique publique que nous pouvons mener, ce qui - selon moi - est l’essence politique du sujet de l’égalité hommes-femmes. Je ne reviendrai pas sur la question de la représentation des femmes dans l’espace politique garantie aujourd’hui en France par la loi sur la parité, ni sur la légitimité démocratique de leur présence car à partir du moment où nous sommes en régime démocratique, le peuple dans toutes ses composantes exerce un pouvoir, donc les femmes peuvent exercer le pouvoir politique.
La question que je me pose et que je vous invite à vous poser à l’aune de ce rapport et de cette tribune c’est la réelle capacité politique des femmes à impulser le changement, le conduire et œuvrer à la transformation de ce pays. Nous avons tous en mémoire Simone Veil bien sûr première femme présidente du Parlement, rapporteur de la loi sur l’IVG et de tant d’autres. Mais il s’est toujours agi d’une action politique réactive au sort réservé aux femmes. Et nous femmes et hommes politiques, s’agissant du rôle politique des femmes sommes toujours dans cette posture réactive car, il faut bien le dire, rien n’est totalement acquis malgré la parité, notamment en matière d’égalité salariale, sociale et ou de pouvoir économique.
J’ai en mémoire les travaux d’Armatya Sen et de Carol PATEMAN*, mais aussi plus proches de nous l’ouvrage d’Edmond Simeoni qui en 2008 considérait que l’avenir de la Corse résidait dans le potentiel économique et politique des femmes insuffisamment mis en valeur dans les démocraties modernes. Il n’est donc pas seulement question de symboles, d’égalitarisme, de féminisme, non. Il s’agit, à un moment précis de la trajectoire séculaire d’un peuple, de mobiliser toutes les capacités de ses composantes au-delà des différences et notamment celles de genre, pour écrire une nouvelle page de son histoire, garantir ses droits individuels et collectifs comme les conditions matérielles et immatérielles de sa survie. Et dans ce projet, les femmes doivent avoir toutes leur place.
Et en guise de propos liminaires sur le débat que nous aurons tout à l’heure sur les négociations avec Paris, répondre aujourd’hui aux défis auxquels la Corse est confrontée passe inévitablement par une réflexion sur le transfert de moyens en faveur de l’égalité de genre.
Avec la prudence et la conscience qui doivent guider notre chemin, une fenêtre d’opportunité unique semble s’être ouverte avec la présence du Président Macron le 24 février dernier lors de notre 3ème réunion.
Son intention d’intégrer la Corse dans son projet de révision constitutionnelle nous offre une perspective concrète et il convient dès lors de nous mobiliser. Si nous avons l’exigence de travailler sur les défis sectoriels et thématiques (foncier, social et d’autres à venir), il convient désormais de dire et de décrire quel est le cadre autonomique dans lequel nous souhaitons évoluer. Ouvrir le champ des possibles d’une révision constitutionnelle dans un calendrier particulièrement contraint nous oblige à travailler dès à présent sur les mots et termes qui devront traduire notre projet dans le texte fondamental.
Alors, sans rentrer dans les détails juridiques, et en référence au modèle açorien qui a été présenté lors de la réunion du 24 février, laissez-moi ici vous citer 2 passages de ce statut, dont le préambule se révèle particulièrement inspirant pour l’autonomiste que je suis, qui méritent - à mon sens - d’« infuser » en chacun d’entre nous.
Art 3 : « La Région poursuit, par l’action de ses organes de gouvernement propres, les objectifs suivants :
…
b) le renforcement de l’unité nationale et des liens de solidarité entre tous les Portugais,
c) La défense et la promotion de l’identité, des valeurs et intérêts des Açoriens et de leur patrimoine historique ;
d) Le développement économique et social de la Région, le bien-être et la qualité de vie des populations, fondés sur la cohésion économique, sociale et territoriale, ainsi que la convergence avec le reste du territoire nationale et de l’UE.
…
f) L’atténuation des effets défavorables (…) de l’insularité.
…
Art 10 : « La Région assume les fonctions qu’elle peut accomplir de manière plus efficace et plus adaptée que l’Etat ».
Ces deux citations démontrent – et ce quelle que soit notre appartenance politique – qu’il est possible de traduire juridiquement, et constitutionnellement, le projet d’une île qui dans le respect de sa spécificité et du principe de subsidiarité, n’aspire in fine qu’à pouvoir concrètement agir au plus près de ses citoyens, pour ses citoyens.
Le temps des travaux techniques à ce sujet viendra, tout comme les échanges sur les mesures concrètes sur le foncier et autres domaines, mais la question de fond reste bien celle du projet d’autonomie.
Per compie, avvemu tutti à mente chi un annu fà, eramu tutti in carrughju, stumacati da l’agressione d’Yvan Colonna. E c’eranu donne , ghjuvanotte quante omi è ghjuvanotti ! A risposta pupulare tandu facia pensà à a nascita di un veranu per a corsica. E se u ricordu è u traumatisimu so’ sempre acuti, oghje tocca à noi à fà sbuccià u fiore di a speranza.
Allora, cù cuscienza è impegnu mettimuci inseme à travaglià pè esse all’altezza di un prugettu novu e innuvativu pè a nostra isula. Emu poche settimane pè scrive ciò che no vulemu pè a Corsica d’oghje è quella di dumane.
Mà simu, donne è omi, l’Assemblea di Corsica, u populu corsu, è a pudemu fà !
Vi ringraziu,
*Carol Pateman, dans son ouvrage Le contrat sexuel (1988), analyse la façon dont les femmes ont été exclues du contrat social et propose une théorie féministe de la démocratie qui met l'accent sur la participation des femmes à la sphère politique.
* Seul le prononcé fait foi