Assemblea di Corsica
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Discorsu di a Presidente di l’Assemblea di Corsica di a sessione di u 29 di ferraghju di u 2024


Discours de Marie-Antoinette Maupertuis*, Présidente de l'Assemblée de Corse, prononcé le 29 février au cours de la session ordinaire




Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,
Care tutte, cari tutti,

Da quandu sò stata eletta Presidente di st’Assemblea ùn aghju mai pensatu cume oghje chì l’annu à vene saria statu cusì decisivu !
U 2022 principiava incù e cummemurazione di i 40 anni di a nostra istituzione mà senza annunzià e disgrazie di u veranu.
U 2023 principiava ellu incù i primi segni di appaciamentu incù u guvernu dopu l’iniziu di u processus di Beauvau è e so varie interuzzione. Nimu ùn pudia dì chì u Presidente di a Repubblica averia cunfermatu à fin’ di ferraghju l’iscrizzione di a Corsica ind’è a Custituzione francese.

Oghje simu quì, u 28 di ferraghju di u 2024, un annu dopu, è a possu dì: l’annu chì vene porta cun sè tante sperenze, tante prumesse è una certezza ! Se avanzemu incu listessu impegnu è listessu travagliu, u 2024 puderia esse quellu di a ricuniscenza, quellu di una nova pagina di a storia tra Senna è Golu.

Cette certitude n’est pas le fruit d’un idéalisme trop poussé. Elle est le fruit d’un travail collectif engagé, depuis 2022, lui-même nourri par plus de 50 ans d’histoire travaillée, d’occasions manquées, de déceptions et de luttes.

Depuis 2022, ce sont l’ensemble des élus présents dans cet hémicycle, qui se sont engagés, avec d’autres élus corses, dans un processus visant à apporter une solution politique durable à ce que d’aucuns ont nommé le “problème” corse.
Entre temps, nous ne sommes pas tous devenus autonomistes !

Certains l’étaient et le sont encore, d’autres ne le seront jamais. Tous par contre ont intégré, face à l’énième crise politique de 2022, l’impérieuse nécessité de voir enfin reconnaitre dans la Constitution nos spécificités, et l’opportunité d’un statut d'autonomie qui permette d'apporter des réponses à la hauteur des défis auxquels cette île, que nous chérissons tous, est aujourd'hui confrontée.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire, des institutions autonomes ne sont ni une lubie, ni un fétiche, ni une fin en soi.

Cela a été dit et répété pendant des mois, il s’agit d’un moyen, d’un outil, qui doit nous permettre tout à la fois :
  • De faire reconnaître une situation géographique, historique, culturelle et politique exceptionnelle dans le contexte français. Singularité qui aurait déjà été reconnue si nous avions été Italiens, Espagnols ou Allemands ;
  • De solder 50 ans de rapports tendus et douloureux voire de drames;
  • D’ouvrir une opportunité unique de prise de responsabilité dans la conduite de notre destin.
Avec 4 d’entre vous, j’étais présente lundi soir à Beauvau.
Cette étape, que nous aurions pour certains pensé différemment, se révèle fondamentale sur le chemin vers un projet politique à même d’incarner, avec conscience et responsabilité, tous les acquis de ces longs mois de travail.
Permettez-moi d’ailleurs de m’attarder quelques instants sur ce point.

En effet, les Corses sont en droit de savoir que leurs élus ont travaillé, ont ont débattu et proposé des solutions négociées.
Depuis la venue du président de la République le 28 septembre dernier, la Conférence des Présidents, plus haute instance politique de cette institution s’est réunie, chaque semaine, afin de confronter les points de vue et rechercher surtout des points d’équilibre sur les dimensions les plus importantes du nouveau projet institutionnel.

Langue, Pouvoir législatif, Foncier, Programme exceptionnel d’investissement, Organisation territoriale, Fiscalité...
Pendant 11 séances de travail de la Conférence des Présidents, et je vous le dis avec beaucoup de sincérité, nous avons affronté sans tabou aucun tous les sujets.

Le fruit de ce travail, présenté ensuite le vendredi 23 février à la délégation des élus de la Corse et incarné par une Déclaration politique solennelle, est ce que nous avons voulu porter ensemble à Paris.

Cette Déclaration, imparfaite pour certains, mais recueillant un consensus global, a le mérite de clarifier nos points d’accord, nombreux, et ceux qui font encore débat mais pour lesquels il existe une claire majorité. Elle a aussi permis de lever, pour la première fois, nombre de blocages qui posaient jusqu’alors problème.

La nouvelle étape qui s’est ouverte lundi autour de l’écriture constitutionnelle, qui permettra de donner corps à nos attentes et nos propositions, est décisive. Le sens de responsabilité qui m’habite m’oblige cependant à faire preuve de prudence. La proposition actuellement sur la table pourrait permettre de grandes avancées sur le chemin de la reconnaissance de ce que nous sommes et vers l’autonomie.
Tout comme nous l’avons fait au cours de ces longs mois, c’est avec le souci du travail, de l’engagement et de la recherche de convergence(s) que nous devrons nous mobiliser dans le calendrier annoncé et, particulièrement resserré.
Je veux croire qu’ensemble nous aurons, et la capacité de dépasser les clivages partisans, et le courage politique nécessaire pour ne pas laisser faire cette opportunité.
*****
 
Les jours qui viendront seront importants pour maximiser nos chances de voir la Corse inscrite dans la Constitution, au bon niveau et avec les bons “mots” pour que ce qui viendra après, loi organique notamment, puisse traduire dans les faits le statut d’autonomie que nous revendiquons de manière légitime et, je l’espère, pour enraciner définitivement notre île dans sa propre trajectoire de paix et de développement.
C’est parce que je pense que nous sommes dans un moment démocratique majeur que je veillerai à ce que notre Assemblée reste la matrice de ce débat. C’est aussi parce que je pense que nous sommes dans un moment charnière de notre histoire, que je veux m’adresser à ceux qui, en Corse, notamment les plus jeunes, voient dans le chemin que nous empruntons une part de renoncement.

Nous avons tous fait notre part du chemin depuis plus de 50 ans mais nous avons aussi une histoire collective faites d’engagements, de sacrifices pour certains pour défendre la terre et les valeurs de Paoli mais jamais de renoncements. Nous avons connu, certains ici plus que d’autres, les moments les plus tragiques. Nous ne voulons plus vivre cela, et nous ne voulons plus que la Corse vive cela.
Notre engagement ? C’est celui de laisser à ces jeunes la liberté de choisir ce qui est bon pour cette terre. Notre pari ? C’est celui de l’avenir ! Notre force ? C’est d’y aller tous ensemble pour décrocher aujourd’hui le maximum et poursuivre encore et toujours sur le chemin du respect de ce que nous sommes.

Rien ne se termine avec une écriture constitutionnelle.
Au contraire, un nouveau chapitre de notre histoire commune s’ouvrira.
Et nous continuerons toujours à défendre les intérêts de la Corse, des Corses et surtout de la génération à venir.

A ringrazià vi

* Seul le prononcé fait foi

Rédigé le Jeudi 29 Février 2024 modifié le Jeudi 29 Février 2024

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