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Discorsu di a Presidente di l’Assemblea di Corsica di a sessione di u 24 d'uttobre di u 2024


Discours de Marie-Antoinette Maupertuis*, Présidente de l'Assemblée de Corse, prononcé le 24 octobre au cours de la session ordinaire




Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,

Nous nous sommes quittés fin septembre sur fond de crise budgétaire et d’interrogations quant aux discussions relatives à l’avenir institutionnel de notre île et nous avions à ce propos voter une résolution demandant au président de la République et au Premier ministre de poursuivre le processus visant à doter la Corse d’un statut d’autonomie.
Nous nous retrouvons fin octobre avec des premiers éléments de réponse sur le plan politique, notamment à travers l’interview de la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, éléments qui je l’espère pourrons être discutés dès demain, avec elle, au sein de cette assemblée. Nous nous retrouvons également avec autant d’incertitudes qu’en septembre sur le plan des finances publiques.
Or, le temps file et le niveau de complexité augmente.
Ce temps qui devient contrainte dès lors qu’il apparait fuir aux logiques propres de l’action politique.

Trop long, il éloigne du projet politique les citoyens soucieux de réactivité, voire d’immédiateté.
Trop court, il exerce une pression certaine sur la construction de la décision publique et la clairvoyance qu’elle impose.
Alors pourquoi s’attarder sur la question du temps alors même que justement le temps presse?
Parce qu’il en sera question lors de cette session mais également demain.
En session d’abord, nous examinerons ce qui relève du temps présent, à savoir un savant mélange de contraintes externes et de compromis internes à trouver pour tout d’abord, s’assurer des marges immédiates de manoeuvre sur le plan budgétaire ; ensuite, sécuriser la gestion publique de nos infrastructures stratégiques de transports ; enfin, nous doter d’un référentiel en organisation à même de mieux préparer notre Collectivité aux enjeux à venir.
Dans les trois cas, nous nous insérons bien dans un temps présent, qui consiste à répondre à des besoins impérieux et réels, impactés par l’insularité.
Avec les maires, ensuite, nous aurons à parler, me semble-t-il, d’un horizon de moyen terme, de la nécessité de rétablir de la proximité dans un environnement relativement incertain. Pour parler de proximité, indispensable en contexte insulaire donc géographiquement éloigné, il faut être capable de poser des mots sur ce que cela implique.

De quelle proximité veut-on ? D’une proximité de services, qu’ils soient de transport, de santé ou d’éducation ? D’une proximité politique, sur le plan de la représentation et du rapprochement des centres de décisions ? De communautés et d’organisations administratives repensées et correspondant à des bassins de vie à la cohérence socioéconomique plus proche des territoires vécus ou imaginés ?
Et puis, comment la décliner ? Avec quels moyens et quels outils ?
La proximité de l’action politique, quelle qu’en soit sa forme, ne peut être la préoccupation des seuls maires et ne renvoyer qu’à une question d’échelon institutionnel ou administratif. Elle exige a contrario une vision stratégique du territoire, une organisation territoriale et un projet d’aménagement cohérents ainsi qu’un cadre pluriannuel pour l’établir.
De pluri annualité, il devrait en être question avec la ministre des territoires au sujet du projet de révision constitutionnelle qui, à partir de 2025, pourrait déterminer un nouveau statut pour notre île par le biais d’un processus « étapiste ». Cette question éminemment politique mérite un cadre pertinent de discussion. Ce sera finalement le cas demain, je m’en réjouis, et je rappellerai à cette occasion que construire la Corse de demain passe par le respect des travaux déjà menés, la continuité des engagements pris et le vote de cette assemblée, en particulier le 27 mars dernier.
Mais, soyons vigilants ! Le temps file et demain est déjà là. Les tendances à l’oeuvre sont si lourdes que, non prises en compte, elles pourraient engendrer l’obsolescence programmée des décisions aujourd’hui imaginées.

Deux exemples afin d’illustrer mon propos : la transition énergétique et la transition démographique.
Si l’ensemble des mesures de court-terme et de moyen-terme n’intègre aucun des scenarios prospectifs déjà disponibles ou en cours d’approfondissement, aucun des signaux d’alarme largement diffusés par le monde scientifique, alors le temps ne sera définitivement jamais notre allié.
À penser transports aujourd’hui, budget aujourd’hui, proximité de demain, compétences et moyens de demain sans prendre la mesure d’une Corse veille et vieillissante, sans amorcer rapidement et de manière disruptive la transition énergétique de notre île, nous risquerions de nous égarer entre l’exigence de réactivité et la décision éclairée, de nous perdre quelque part où nous ne répondrions ni à l’une ni à l’autre.
L’impact, y compris budgétaire, du vieillissement de la population et d’une transition énergétique mal maitrisée pourrait remettre en cause notre système bien au-delà de toutes les incertitudes actuelles. Cela vaut pour l’Europe, cela vaut pour la France, cela vaut pour la Corse.
Dans ce contexte, je ne peux, bien évidemment, que nous inviter à poursuivre notre action dans le temps présent puisqu’ainsi va la vie politique. Pour autant, les défis climatiques, démographiques, les mutations économiques à l’oeuvre nous imposent d’accepter de raisonner enfin dans un cadre temporel plus large. Il nous faut impérativement éclairer nos décisions à l’aune des grandes tendances qui traversent le monde. Voir plus loin pour bien choisir aujourd’hui. Il ne s’agit pas de se détourner des problèmes présents mais de leur assurer le bon niveau de traitement, celui de solutions qui ne seraient pas « reculer pour mieux sauter ».
Pè compie stu discorsu, cunsentitemi un suppu di puesia.
Postu chi v’aghju parlatu di tempu, vi lasciu ‘sse duie rime di Ghjacumu Fusina, cume una riflessione trà tempi andati, mesi è stagione chì passanu è interrugazione ver di l’avvene :
« Ottobre sente e castagne
In paese fumicosu
Quand’u celu nebbiacosu
Fala nant’à le muntagne
Pare tutt’avvene chjosu
È finite le cuccagne »
 
À ringrazià vi.
 

* Seul le prononcé fait foi

Rédigé le Jeudi 24 Octobre 2024 modifié le Jeudi 24 Octobre 2024

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