Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,
Ci ritruvemu oghje pè l’ultima sessione prima di e vacanze d’estate.
Ci ritruvemu un mese è mezu dopu à l’elezzioni europee è legislative, stonde di demucrazia, è vogliu felicità tutti quelli in Corsica sò stati eletti.
Mà ci ritruvemu dinò dopu à parecchje surprese è parecchji insegnamenti.
Pè contu meiu, avia principiatu l’annu 2024 incù un discorsu annantu à a demugrafia. Le 1er février dernier, je vous invitais collectivement à débattre de démographie, de manière dépassionnée et en prenant soin d’identifier et d’approfondir toutes les variables en jeu.
De la même manière, pas plus tard que le 31 mai dernier, dans un discours sur les questions européennes, je nous invitais, tous, au choix des forces progressistes face à la montée de l’extrême droite.
Ces réflexions et appels, qui ont d’ailleurs pu faire l’objet de railleries ici ou là, sont, malheureusement, n’en déplaise à certains, et j’aurais préféré faire fausse route, au coeur des grands bouleversements politiques auxquels nous avons assisté ces dernières semaines.
Alors, je sais bien que la politique est souvent, trop souvent, faite d’immédiateté, de rapidité, de plus en plus de volatilité et de radicalité. Et c’est, je le crois, ce qui en partie nous fait désormais courir un grand danger, sous couvert de grandes surprises.
Que nous n’allions pas échapper à la vague RN aux européennes, nous le savions tous ici.
Qu’elle se transformerait en tsunami lors du premier tour des législatives, nous ne nous y attendions pas. Que nous soyons nationalistes, de droite ou de gauche, je pense que nous avons tous été surpris par une certaine Corse que nous avons découverte le 30 juin dernier.
Or justement, la préemption du sujet démographique par certains tenants d’une approche identitaire que je définirais proche idéologiquement de l’extrême droite française (pour la distinguer de la défense identitaire propre au mouvement nationaliste corse), mais aussi l’absence de débat de fond sur le sujet nous ont fait perdre, à mon avis, de vue la réalité. Les arrivées en Corse, responsables de notre croissance démographique, ne sont ni celles de la diaspora, ni celles d’étrangers, qu’ils soient d’Afrique ou de je ne sais où.
Ces arrivées se sont celles de continentaux qui s’installent sur la base de motivations assez diverses et qui, contrairement à ce que nous pouvions observer auparavant, emmènent dans leurs bagages leurs préoccupations, leur propre agenda politique et leur manière d’envisager le monde, utilisant les derniers scrutins pour les exprimer.
Mais la démographie n’est pas la seule explication des votes auxquels nous avons assisté, ce serait trop facile et je ne veux pas choisir la facilité.
La réalité c’est que la Corse a changé. Elle n’est plus celle ni des années 70, ni même de 2015, date de l’arrivée des nationalistes aux responsabilités.
La Corse subit, comme d’autres territoires européens, de plein fouet des bouleversements majeurs sur le plan économique, social, sociétal. Et c’est en cela que travailler en termes prospectifs est essentiel. Force est de constater que le vote RN n’est pas l’apanage des seuls néo-arrivants. C’est aussi celui de Corses qui sont mécontents, qui ont peur pour leur avenir, leurs enfants, leur terre, leur langue. Mais, permettez-moi un peu de naïveté, j’espère que ce n’est pas celui de Corses qui adhèrent aux valeurs et idées véhiculées par ce parti.
Je disais donc que cette Corse insoupçonnée s’est révélée à l’ensemble des forces politiques dites de progrès, et nous pouvons déjà en retenir 2 enseignements valables pour tous.
En premier lieu, nous ne pouvons plus nous exonérer d’une discussion de fond sur notre démographie et ses conséquences.
Si nous ne voulons pas poursuivre dans la voie d’un corps social dual dont les composantes ne se côtoient pas, ne se parlent pas, ne partagent rien, portant à terme à des situations de conflits de perception, représentation et projection, nous ne pouvons plus éluder le problème et devons tenir un discours clair à ce sujet.
Je ne regarderai pas ailleurs alors qu’un phénomène migratoire, dit interne, nous dépossède jour après jour de notre futur et de celui de nos enfants, reconstruit nos espaces de vie et modifie profondément notre structure sociale.
En second lieu, je plaide pour l’impérieuse nécessité d’un positionnement clair des forces politiques corses face aux idées du RN. Ne pas flirter avec ces idées, les combattre sur le terrain. Il ne s’agit pas d’incriminer des électeurs, corses ou non corses, mais de prendre des distances saines avec ces idées et ce qu’elles représentent. Surfer sur la vague RN, voire l’instrumentaliser dans le cadre d’un rapport de force entre familles politiques, risquerait de se révéler destructeur en termes d’idées et de principes.
Ensuite deux autres enseignements pour ma famille politique, dans toute sa diversité, et pour la majorité à laquelle j’appartiens.
Aux nationalistes, je dis que nous ne pouvons pas poursuivre sur le chemin de la discorde alors que la Corse vit au rythme d’autres enjeux, d’autres défis qui dépassent de loin le périmètre de nos discussions, de nos oppositions et de nos divergences. Sachons regarder ensemble la Corse telle qu’elle est aujourd’hui et retrouver des convergences à chaque fois que cela sera nécessaire au nom d’un intérêt supérieur, celui de la Nation corse, qui nous unit et qui ne doit pas être un idéal passéiste mais bien celui fondateur de l’avenir de notre peuple.
Enfin aux membres de la majorité, dont je suis, je dis qu’après 9 ans de pouvoir, s’il est normal d’attirer critiques et de fédérer les oppositions et si ces élections sont un avertissement, je sais aussi que nous avons les ressources, la volonté et l’ambition de comprendre, de rebondir et d’avancer.
Et contrairement à ceux qui veulent nous faire croire que les étiquettes, les femmes et les hommes et les programmes ne comptent pas, nous, nous savons d’où nous venons, qui nous sommes et pourquoi nous sommes là. Nous ne faiblirons pas !
Donc, revenons à l’essentiel, revenons aux Corses, revenons à 2015, à 2018, à 2021 et à ce qui a fait que nous sommes entrés dans cette assemblée en femmes et hommes qui ont le projet de changer ce pays.
I Corsi aspettanu da noi, travagliu è risultati... mà sempre indè u filu di e nostre rivendicazione storiche !
Allora travagliemu, travagliemu tutti inseme per elli.
A ringrazià vi.
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,
Ci ritruvemu oghje pè l’ultima sessione prima di e vacanze d’estate.
Ci ritruvemu un mese è mezu dopu à l’elezzioni europee è legislative, stonde di demucrazia, è vogliu felicità tutti quelli in Corsica sò stati eletti.
Mà ci ritruvemu dinò dopu à parecchje surprese è parecchji insegnamenti.
Pè contu meiu, avia principiatu l’annu 2024 incù un discorsu annantu à a demugrafia. Le 1er février dernier, je vous invitais collectivement à débattre de démographie, de manière dépassionnée et en prenant soin d’identifier et d’approfondir toutes les variables en jeu.
De la même manière, pas plus tard que le 31 mai dernier, dans un discours sur les questions européennes, je nous invitais, tous, au choix des forces progressistes face à la montée de l’extrême droite.
Ces réflexions et appels, qui ont d’ailleurs pu faire l’objet de railleries ici ou là, sont, malheureusement, n’en déplaise à certains, et j’aurais préféré faire fausse route, au coeur des grands bouleversements politiques auxquels nous avons assisté ces dernières semaines.
Alors, je sais bien que la politique est souvent, trop souvent, faite d’immédiateté, de rapidité, de plus en plus de volatilité et de radicalité. Et c’est, je le crois, ce qui en partie nous fait désormais courir un grand danger, sous couvert de grandes surprises.
Que nous n’allions pas échapper à la vague RN aux européennes, nous le savions tous ici.
Qu’elle se transformerait en tsunami lors du premier tour des législatives, nous ne nous y attendions pas. Que nous soyons nationalistes, de droite ou de gauche, je pense que nous avons tous été surpris par une certaine Corse que nous avons découverte le 30 juin dernier.
Or justement, la préemption du sujet démographique par certains tenants d’une approche identitaire que je définirais proche idéologiquement de l’extrême droite française (pour la distinguer de la défense identitaire propre au mouvement nationaliste corse), mais aussi l’absence de débat de fond sur le sujet nous ont fait perdre, à mon avis, de vue la réalité. Les arrivées en Corse, responsables de notre croissance démographique, ne sont ni celles de la diaspora, ni celles d’étrangers, qu’ils soient d’Afrique ou de je ne sais où.
Ces arrivées se sont celles de continentaux qui s’installent sur la base de motivations assez diverses et qui, contrairement à ce que nous pouvions observer auparavant, emmènent dans leurs bagages leurs préoccupations, leur propre agenda politique et leur manière d’envisager le monde, utilisant les derniers scrutins pour les exprimer.
Mais la démographie n’est pas la seule explication des votes auxquels nous avons assisté, ce serait trop facile et je ne veux pas choisir la facilité.
La réalité c’est que la Corse a changé. Elle n’est plus celle ni des années 70, ni même de 2015, date de l’arrivée des nationalistes aux responsabilités.
La Corse subit, comme d’autres territoires européens, de plein fouet des bouleversements majeurs sur le plan économique, social, sociétal. Et c’est en cela que travailler en termes prospectifs est essentiel. Force est de constater que le vote RN n’est pas l’apanage des seuls néo-arrivants. C’est aussi celui de Corses qui sont mécontents, qui ont peur pour leur avenir, leurs enfants, leur terre, leur langue. Mais, permettez-moi un peu de naïveté, j’espère que ce n’est pas celui de Corses qui adhèrent aux valeurs et idées véhiculées par ce parti.
Je disais donc que cette Corse insoupçonnée s’est révélée à l’ensemble des forces politiques dites de progrès, et nous pouvons déjà en retenir 2 enseignements valables pour tous.
En premier lieu, nous ne pouvons plus nous exonérer d’une discussion de fond sur notre démographie et ses conséquences.
Si nous ne voulons pas poursuivre dans la voie d’un corps social dual dont les composantes ne se côtoient pas, ne se parlent pas, ne partagent rien, portant à terme à des situations de conflits de perception, représentation et projection, nous ne pouvons plus éluder le problème et devons tenir un discours clair à ce sujet.
Je ne regarderai pas ailleurs alors qu’un phénomène migratoire, dit interne, nous dépossède jour après jour de notre futur et de celui de nos enfants, reconstruit nos espaces de vie et modifie profondément notre structure sociale.
En second lieu, je plaide pour l’impérieuse nécessité d’un positionnement clair des forces politiques corses face aux idées du RN. Ne pas flirter avec ces idées, les combattre sur le terrain. Il ne s’agit pas d’incriminer des électeurs, corses ou non corses, mais de prendre des distances saines avec ces idées et ce qu’elles représentent. Surfer sur la vague RN, voire l’instrumentaliser dans le cadre d’un rapport de force entre familles politiques, risquerait de se révéler destructeur en termes d’idées et de principes.
Ensuite deux autres enseignements pour ma famille politique, dans toute sa diversité, et pour la majorité à laquelle j’appartiens.
Aux nationalistes, je dis que nous ne pouvons pas poursuivre sur le chemin de la discorde alors que la Corse vit au rythme d’autres enjeux, d’autres défis qui dépassent de loin le périmètre de nos discussions, de nos oppositions et de nos divergences. Sachons regarder ensemble la Corse telle qu’elle est aujourd’hui et retrouver des convergences à chaque fois que cela sera nécessaire au nom d’un intérêt supérieur, celui de la Nation corse, qui nous unit et qui ne doit pas être un idéal passéiste mais bien celui fondateur de l’avenir de notre peuple.
Enfin aux membres de la majorité, dont je suis, je dis qu’après 9 ans de pouvoir, s’il est normal d’attirer critiques et de fédérer les oppositions et si ces élections sont un avertissement, je sais aussi que nous avons les ressources, la volonté et l’ambition de comprendre, de rebondir et d’avancer.
Et contrairement à ceux qui veulent nous faire croire que les étiquettes, les femmes et les hommes et les programmes ne comptent pas, nous, nous savons d’où nous venons, qui nous sommes et pourquoi nous sommes là. Nous ne faiblirons pas !
Donc, revenons à l’essentiel, revenons aux Corses, revenons à 2015, à 2018, à 2021 et à ce qui a fait que nous sommes entrés dans cette assemblée en femmes et hommes qui ont le projet de changer ce pays.
I Corsi aspettanu da noi, travagliu è risultati... mà sempre indè u filu di e nostre rivendicazione storiche !
Allora travagliemu, travagliemu tutti inseme per elli.
A ringrazià vi.
* Seul le prononcé fait foi