La session des 30 et 31 mai derniers était consacrée notamment au vote du premier budget primitif de la nouvelle Collectivité de Corse. Notre groupe a fait valoir son point de vue dans un contexte, certes contraint, mais qui aurait pu permettre de définir clairement les orientations de la majorité territoriale.
Depuis le début de sa mandature, la majorité nationaliste ne cesse d’afficher les grands principes d’ouverture à l’opposition, de transparence, de co-construction et d’équité. Hélas ce sont toujours les mêmes arguments qui reviennent pour justifier une insuffisance voire une incapacité : dénigrement, stigmatisation ; la faute en incombe aux autres.
Notre groupe a tenu à préciser lors des échanges qui ont suivi, que ces principes sont partagés par tous au sein de cet Hémicycle. En plus d’être partagés, ils ont été mis en œuvre dans d’autres collectivités, notamment au sein du Conseil Départemental de la Haute-Corse (CD 2B). Une institution où a été privilégiée la compétence des agents à leurs appartenances politiques. Il en a été de même avec les élus de l'opposition qui ont accédé à de vraies responsabilités avec des Vice-Présidences du CD 2B ou des présidences de commission. Or cette ouverture aux élus de l’opposition est actuellement pour le moins inexistante. Au contraire, nous constatons un comportement sectaire, contraire aux discours affichés et aux usages démocratiques privant ainsi ces institutions d’expérience et de compétences reconnues.
Nous avons également exprimé notre désaccord sur le refus de la majorité territoriale de contractualiser financièrement avec l’Etat. Une mesure pourtant recommandée par le cabinet KLOPFER qu’elle a elle-même mandaté. Rappelons-le, celui-ci avait indiqué que « l’intérêt financier objectif de la Collectivité de Corse est de signer un contrat avec le Préfet ». Nous ne pouvons pas attendre des autres Collectivités qu’elles appliquent une gestion vertueuse, notamment dans leur budget de fonctionnement et dénoncer l’Etat lorsqu’il nous encourage à cette même maîtrise des dépenses.
Nous sommes aussi interpelés par les critères d’attribution du caractère « prioritaire » aux motions proposées par les différents groupes de l’Assemblée. Des motions aussi importantes portant sur la gestion des déchets ou le PADDUC et son application sur les établissements de bord de mer n’ont pas été retenues. En revanche, certaines motions proposées par la majorité, comme celle concernant un article du magazine Le Point, dont nous condamnons par ailleurs la teneur, s’est vue reconnaitre un caractère prioritaire. Pour ces raisons plus que surprenantes, notre groupe a choisi de ne pas participer aux votes des motions proposées, si ce n’est celle à caractère social, en soutien au personnel de l’agence LCL de Bastia.
L’ensemble de ces éléments suffisait à conduire notre groupe à voter contre ce premier budget primitif. Un budget que nous pourrions d’ailleurs considérer comme un budget d’affichage, avec notamment un fort recours à l’emprunt dédié à l’investissement dont la réalisation sera extrêmement éloignée des montants indiqués. A l’inverse le budget de fonctionnement sera lui consommé à plus de 95%.
Cependant la situation de la Collectivité de Corse reste exceptionnelle avec un premier budget primitif construit à partir de la fusion des trois anciennes Collectivités. Dans un principe espéré d'apaisement des relations avec l’Etat qui va dans l’intérêt de la Corse et des Corses et considérant le caractère particulier de ce budget primitif 2018, notre groupe n’a pas souhaité s’inscrire dans une démarche d'opposition systématique, dogmatique voire démagogique. Nous avons donc fait le choix de nous abstenir.
Ainsi, le groupe Andà Per Dumane demeure constant et fidèle à la ligne politique qu’il s’est fixé dès le début de cette mandature.
Depuis le mois de janvier, nous nous inscrivons dans une démarche d’opposition constructive car nous souhaitons la réussite de notre Île et considérons que nous sommes tous au service de la Corse et de ses habitants.