Où commence une île ? Si la réponse semble évidente du point de vue géographique - une étendue de terre entourée d’eau qui se distingue par sa ligne de côte - la question se complique dès lors qu’on y intègre des dimensions culturelle, politique, juridique et écologique.
Ces aspects transforment en effet la notion d’île en un concept plus nuancé et dynamique. Façonnée par ses traditions et son histoire, tout autant que ses langues et ses habitants, une île représente un creuset d’identités auxquelles s’ajoutent des lois qui influencent la gestion de ses ressources et de ses relations extérieures, tout en formant un écosystème unique, qui participe à sa définition, sans que cette dernière puisse être énoncée de manière définitive.
En adaptant à la Corse la question de ce qu’est une cité - au cœur de son projet X-Ville -, Jordi Colomer prolonge son enquête anthropologique et poétique sur ce qui lie les individus et ce qui constitue une communauté. Il aborde des thèmes tels que l’urbanisme ou les conditions matérielles et intellectuelles de l’existence humaine, en donnant à l’utopie un rôle central dans sa capacité d’articuler les relations entre le monde tel qu’il se donne avec ses rapports de force, et le monde tel qu’il est pensé, avec nos aspirations, nos doutes et nos fragilités.
À travers son intérêt pour les représentations étrangères de la Corse au XIXe siècle qui accompagnent les débuts du tourisme, il apporte une profondeur historique à son propre regard et montre que l’art demeure avant tout un outil de réflexion sensible au service d’une conscience citoyenne qui n’apporte pas de réponse, mais permet un dialogue émancipé.
Commissariat: Fabien Danesi.
Ces aspects transforment en effet la notion d’île en un concept plus nuancé et dynamique. Façonnée par ses traditions et son histoire, tout autant que ses langues et ses habitants, une île représente un creuset d’identités auxquelles s’ajoutent des lois qui influencent la gestion de ses ressources et de ses relations extérieures, tout en formant un écosystème unique, qui participe à sa définition, sans que cette dernière puisse être énoncée de manière définitive.
En adaptant à la Corse la question de ce qu’est une cité - au cœur de son projet X-Ville -, Jordi Colomer prolonge son enquête anthropologique et poétique sur ce qui lie les individus et ce qui constitue une communauté. Il aborde des thèmes tels que l’urbanisme ou les conditions matérielles et intellectuelles de l’existence humaine, en donnant à l’utopie un rôle central dans sa capacité d’articuler les relations entre le monde tel qu’il se donne avec ses rapports de force, et le monde tel qu’il est pensé, avec nos aspirations, nos doutes et nos fragilités.
À travers son intérêt pour les représentations étrangères de la Corse au XIXe siècle qui accompagnent les débuts du tourisme, il apporte une profondeur historique à son propre regard et montre que l’art demeure avant tout un outil de réflexion sensible au service d’une conscience citoyenne qui n’apporte pas de réponse, mais permet un dialogue émancipé.
Commissariat: Fabien Danesi.
Biographie de Jordi Colomer
Jordi Colomer est né en 1962 à Barcelone où il vit et travaille, après avoir résidé à Paris entre 1991 et 2016. Son œuvre embrasse de multiples disciplines, avec une prédilection pour la sculpture, la photographie, et la vidéo qu’il met en scène avec une attention toute particulière dans les espaces d’exposition. Sa création se caractérise souvent par l’élaboration de situations relevant d’un "théâtre élargi", invitant le spectateur à questionner sa relation aux œuvres et son rôle vis-à-vis de celles-ci. La diversité des médiums employés par Jordi Colomer et la transversalité de son approche trouvent leurs racines dans son parcours d’éducation fragmentaire en tant qu’architecte, artiste et historien de l’art dans le Barcelone progressiste des années 1980. À partir de l’exposition Alta Comèdia (Tinglado 2, Tarragone, 1993), il commence à fusionner son travail sculptural avec des éléments de mise en scène théâtrale et des références architecturales.
Cette période, marquée notamment par sa découverte du cinéma d’avant-garde allemand des années 1930, voit la vidéo devenir le principal intermédiaire dans sa relation à la performance, au théâtre et à la sculpture. En 1997, il présente son premier travail vidéo Simo dans une salle de projection conçue spécifiquement au Musée d’Art Contemporain de Barcelone (MACBA), superposant ainsi l’espace théâtral, l’installation comme sculpture habitable et la micro-narration cinématographique. Cette approche aboutit à des œuvres telles que Pianito (Le Petit Piano, 1999), Les Jumelles (2000) ou Le Dortoir (2001), marquant une période de travail intensif sur des constructions de décors de films extrêmes, où l’environnement détermine entièrement le comportement des personnages. À partir de 2001, l’exploration scénique de Jordi Colomer s’étend à l’espace urbain, explorant les différentes scènes de la vie sociale (quartiers, rues, toits...) et inversement, le désert.
Cette phase de son travail est caractérisée par la recherche ou la redécouverte de différents décors urbains, donnant naissance à des projets tels qu’Anarchitekton (2002-2004), impliquant quatre villes (Barcelone, Bucarest, Brasilia, Osaka), NoFuture (filmé au Havre, 2006, et rejoué pour Manifesta X à Saint-Pétersbourg, Russie, 2014) ou Arabian Stars (Yémen, 2005), parmi d’autres. Ses travaux plus récents, tels qu’En la Pampa (dans le désert d’Atacama, Chili, 2008), Avenida Ixtapaluca (maisons pour le Mexique, 2009) ou The Istanbul Map (Istanbul, 2010), se présentent comme des œuvres-voyages où la question du mouvement est récurrente, et où les actions isolées d’un personnage condensent une réflexion (non dénuée d’un certain humour absurde) sur les possibilités de survie poétique offertes par la métropole contemporaine. Certaines de ses œuvres récentes explorent les multiples facettes de l’utopie ou de la dystopie et leur relation avec la fiction et l’histoire. À travers L’avenir (2010), nous suivons un groupe de pionniers dans une interprétation libre du projet de Phalanstère de Charles Fourier. Prohibido cantar / No Singing (2012) superpose des villes imaginaires et des projets non réalisés, évoquant la fondation d’une ville et rappelant les méga-projets de casinos en Espagne (comme Gran Scala, Eurovegas) tout en faisant référence à la ville de Mahagonny décrite par Bertolt Brecht au moment où Las Vegas commençait. La Soupe Américaine / The American Soup sur les abris provisoires de l’après-guerre (Normandie, 2013) ou The Svartlamon Parade (Trondheim, Norvège, 2014) intègrent des images d’archives pour positionner le présent dans une perspective critique. X-VILLE (2015), basé sur les "manuels" de Yona Friedman, nous introduit à une ville imaginaire pour repenser l’organisation actuelle du temps et de la vie. ¡Únete! Join Us! (2017), l’installation au Pavillon espagnol de la 57e Biennale de Venise, invite les visiteurs à devenir participants d’une exploration du nomadisme et de l’agence collective, abordant les thèmes de la transhumance, des errances, des voyages, des déplacements, clés de l’exposition, dont le point de référence est ancré dans les utopies urbaines utilisant le mouvement comme partie intégrante d’une réflexion radicale sur l’imagination sociale.
L’exposition Où commence une île ? précède de quelques semaines l’ouverture d’une grande rétrospective de son œuvre au MACBA de Barcelone.
Cette période, marquée notamment par sa découverte du cinéma d’avant-garde allemand des années 1930, voit la vidéo devenir le principal intermédiaire dans sa relation à la performance, au théâtre et à la sculpture. En 1997, il présente son premier travail vidéo Simo dans une salle de projection conçue spécifiquement au Musée d’Art Contemporain de Barcelone (MACBA), superposant ainsi l’espace théâtral, l’installation comme sculpture habitable et la micro-narration cinématographique. Cette approche aboutit à des œuvres telles que Pianito (Le Petit Piano, 1999), Les Jumelles (2000) ou Le Dortoir (2001), marquant une période de travail intensif sur des constructions de décors de films extrêmes, où l’environnement détermine entièrement le comportement des personnages. À partir de 2001, l’exploration scénique de Jordi Colomer s’étend à l’espace urbain, explorant les différentes scènes de la vie sociale (quartiers, rues, toits...) et inversement, le désert.
Cette phase de son travail est caractérisée par la recherche ou la redécouverte de différents décors urbains, donnant naissance à des projets tels qu’Anarchitekton (2002-2004), impliquant quatre villes (Barcelone, Bucarest, Brasilia, Osaka), NoFuture (filmé au Havre, 2006, et rejoué pour Manifesta X à Saint-Pétersbourg, Russie, 2014) ou Arabian Stars (Yémen, 2005), parmi d’autres. Ses travaux plus récents, tels qu’En la Pampa (dans le désert d’Atacama, Chili, 2008), Avenida Ixtapaluca (maisons pour le Mexique, 2009) ou The Istanbul Map (Istanbul, 2010), se présentent comme des œuvres-voyages où la question du mouvement est récurrente, et où les actions isolées d’un personnage condensent une réflexion (non dénuée d’un certain humour absurde) sur les possibilités de survie poétique offertes par la métropole contemporaine. Certaines de ses œuvres récentes explorent les multiples facettes de l’utopie ou de la dystopie et leur relation avec la fiction et l’histoire. À travers L’avenir (2010), nous suivons un groupe de pionniers dans une interprétation libre du projet de Phalanstère de Charles Fourier. Prohibido cantar / No Singing (2012) superpose des villes imaginaires et des projets non réalisés, évoquant la fondation d’une ville et rappelant les méga-projets de casinos en Espagne (comme Gran Scala, Eurovegas) tout en faisant référence à la ville de Mahagonny décrite par Bertolt Brecht au moment où Las Vegas commençait. La Soupe Américaine / The American Soup sur les abris provisoires de l’après-guerre (Normandie, 2013) ou The Svartlamon Parade (Trondheim, Norvège, 2014) intègrent des images d’archives pour positionner le présent dans une perspective critique. X-VILLE (2015), basé sur les "manuels" de Yona Friedman, nous introduit à une ville imaginaire pour repenser l’organisation actuelle du temps et de la vie. ¡Únete! Join Us! (2017), l’installation au Pavillon espagnol de la 57e Biennale de Venise, invite les visiteurs à devenir participants d’une exploration du nomadisme et de l’agence collective, abordant les thèmes de la transhumance, des errances, des voyages, des déplacements, clés de l’exposition, dont le point de référence est ancré dans les utopies urbaines utilisant le mouvement comme partie intégrante d’une réflexion radicale sur l’imagination sociale.
L’exposition Où commence une île ? précède de quelques semaines l’ouverture d’une grande rétrospective de son œuvre au MACBA de Barcelone.
FRAC CORSICA
La Citadelle, 20250 Corti
frac@isula.corsica
Tel + 33 (0)4 20 03 95 33
De février à mai et de septembre à décembre
Du lundi au samedi de 10h à 17h
De juin à septembre
Du lundi au samedi de 10h à 19h
Fermé le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai.
Entrée libre
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