Cette conférence sera rythmée par 2 exposés:
- " Langue corse, un portrait social " par Pascal Ottavi
- " L'echo de la langue corse à l'Assemblée " par Francescu Maria Luneschi
L’évolution du statut particulier de la Corse depuis 1982
Depuis 1982 et la première élection de l’Assemblée de Corse, le système politique de l’île a été bouleversé. L’utilisation du scrutin proportionnel, bien plus favorable aux acteurs à la représentativité faible ou moyenne, s’est immédiatement traduite par la fragmentation du système de partis insulaire. Alors que la compétition politique opposait traditionnellement deux grands réseaux d’élus – l’un inscrit à gauche, l’autre à droite –, formant un duopole quasi-hégémonique, ce sont non moins de 17 listes qui se sont opposées lors des premières élections de 1982.
À cette fragmentation est venue se conjuguer une territorialisation (ou une dénationalisation) du système de partis. Lors des élections à l’Assemblée de Corse, la place des partis nationaux dans l’île a progressivement régressé durant les années 1980 et 1990, avec l’irruption de plusieurs forces refusant toute affiliation nationale, tout en ne s’inscrivant pas dans le champ du nationalisme corse. À partir des années 2000, on a observé de plus en plus souvent des absences d’investitures nationales, du fait du très net refus d’acteurs à qui elles étaient pourtant promises.
Enfin, les onze élections à l’Assemblée de Corse ont aussi démontré que le comportement des électeurs corses était beaucoup plus instable qu’on ne le croyait généralement. Les clivages idéologiques – ou du moins programmatiques – y apparaissent plus saillants que lors des scrutins municipaux, départementaux, voire même législatifs, et cela peut expliquer au moins en partie les fortes variations dans les résultats. En tout cas, ces variations indiquent que les électeurs corses sont loin d’être tous conditionnés essentiellement par des liens interpersonnels et/ou clientélistes très difficiles à remettre en question. Ils sont des électeurs de plus en plus mobiles, ce que l’augmentation globale de l’abstention tend à souligner aussi.
À cette fragmentation est venue se conjuguer une territorialisation (ou une dénationalisation) du système de partis. Lors des élections à l’Assemblée de Corse, la place des partis nationaux dans l’île a progressivement régressé durant les années 1980 et 1990, avec l’irruption de plusieurs forces refusant toute affiliation nationale, tout en ne s’inscrivant pas dans le champ du nationalisme corse. À partir des années 2000, on a observé de plus en plus souvent des absences d’investitures nationales, du fait du très net refus d’acteurs à qui elles étaient pourtant promises.
Enfin, les onze élections à l’Assemblée de Corse ont aussi démontré que le comportement des électeurs corses était beaucoup plus instable qu’on ne le croyait généralement. Les clivages idéologiques – ou du moins programmatiques – y apparaissent plus saillants que lors des scrutins municipaux, départementaux, voire même législatifs, et cela peut expliquer au moins en partie les fortes variations dans les résultats. En tout cas, ces variations indiquent que les électeurs corses sont loin d’être tous conditionnés essentiellement par des liens interpersonnels et/ou clientélistes très difficiles à remettre en question. Ils sont des électeurs de plus en plus mobiles, ce que l’augmentation globale de l’abstention tend à souligner aussi.
" Langue corse, un portrait social " par Pascal Ottavi
Le corse est, par définition, une langue dite populaire, fondée historiquement sur un vaste réseau inter-communicationnel à base d’oralité quotidienne et informelle. Or on parle aujourd’hui de « langue corse », on dispose de grammaires, de dictionnaires, un enseignement généralisé est dispensé de la maternelle à l’université. Quant à la coofficialité, elle est à présent définie comme un objectif politique sinon consensuel, du moins largement partagé.
Dans cette intervention, il s’agit de dresser un « portrait social » du corse. Pourquoi choisir cet adjectif ? En tant que sociolinguiste, nous formulons une interrogation fondamentale, épistémologique disons-nous dans notre jargon, à propos du terme même de langue. Celle-ci n’est jamais une entité préexistante, idéale, transcendante. Le vocable, dès qu’on l’interroge, apparaît polysémique donc source de complexité. Nous partirons du présupposé qu’initialement, toute langue procède d’un besoin de communication de tous les locuteurs, sans exception, besoin traduisant lui-même la nature sociale de l’individu, nécessairement en interrelation avec autant de pairs que de besoin. Par nature, toute langue constitue à la base un fait social. Cette réalité, nous souhaitons l’aborder sous un angle historique : comment passe-t-on, dans le temps, dans les esprits et dans les pratiques, d’un vernaculaire généré pour la communication ordinaire à la volonté d’affirmation d’une langue moderne instituée ?
Dans cette intervention, il s’agit de dresser un « portrait social » du corse. Pourquoi choisir cet adjectif ? En tant que sociolinguiste, nous formulons une interrogation fondamentale, épistémologique disons-nous dans notre jargon, à propos du terme même de langue. Celle-ci n’est jamais une entité préexistante, idéale, transcendante. Le vocable, dès qu’on l’interroge, apparaît polysémique donc source de complexité. Nous partirons du présupposé qu’initialement, toute langue procède d’un besoin de communication de tous les locuteurs, sans exception, besoin traduisant lui-même la nature sociale de l’individu, nécessairement en interrelation avec autant de pairs que de besoin. Par nature, toute langue constitue à la base un fait social. Cette réalité, nous souhaitons l’aborder sous un angle historique : comment passe-t-on, dans le temps, dans les esprits et dans les pratiques, d’un vernaculaire généré pour la communication ordinaire à la volonté d’affirmation d’une langue moderne instituée ?
Biographie de Pascal Ottavi
Il a d’abord été instituteur de 1976 à 1988. Il fait partie des pionniers du « corse intégré » qui ont inauguré la pratique de l’enseignement bilingue en 1985. Conseiller pédagogique en langue régionale, il devient professeur de corse après l’obtention de son CAPES en 1992, assume également à partir de 1994 la fonction de coordinateur académique auprès de l’inspecteur pédagogique régional de la langue, Jean-Marie Arrighi, puis est nommé formateur en langue et culture corses à l’IUFM de Corse de 1996 à 2005. Il passe une thèse en sciences de l‘éducation à l’université de Corse, en 2004 : Le bilinguisme dans l'école de la République ? Le cas de la Corse est directement issu des recherches qu’il a effectuées dans ce cadre. Maître de conférences puis professeur de langue corse, il a également été doyen de la faculté des lettres de l’université de Corse. Co-auteur de manuels pédagogiques, il a consacré une partie de ses publications à la didactique du corse. En tant que sociolinguiste, il a pu diriger des recherches collectives, développer des collaborations extérieures et a personnellement publié de nombreux articles scientifiques. Militant culturel, il est aussi littérateur et poète. A partir de 2016, il a apporté son concours à l’action de la Collectivité en faveur de la langue en exerçant les fonctions de chargé de mission auprès du Conseiller exécutif Xavier Luciani avant de mettre un terme à sa carrière en 2019.
Biographie de Francescu Maria Luneschi
Il sillonne la Corse et les îles de Méditerranée à la rencontre de leurs habitants. Les rencontres qu’il provoque avec les gens du terroir nourrissent ses recherches universitaires. Celles-ci souhaitent percer les mystères du langage. Les recherches qu’il mène, appliquées au corse et à différentes langues romanes, s’articulent autour de plusieurs axes linguistiques. Cette approche permet de proposer un panorama complet des Sciences du Langage en appliquant des principes de la Linguistique Générale et de la Dialectologie aux parlers corses. Docteur en Sciences du Langage, Président du Comité d’Études Scientifiques et Informatiques de la Toponymie Corse, gérant du cabinet d’études Aiò (Formation Audit Conseil), il accompagne différentes collectivités locales dans un processus de patrimonialisation, qui consiste à documenter les savoir-faire et les savoir-dire des territoires insulaires, afin de mettre en valeur le patrimoine matériel et immatériel au service d’initiatives de promotion et d’aménagement du territoire.
Infos et inscription
Les conférences sont gratuites et ouvertes à tous sur inscription via ce formulaire et dans la limite des places disponibles.
Cette conférence se déroulera au Gran Palazzu, elle sera filmée et diffusée sur le site et les réseaux de l'Assemblée de Corse.
Posez vos questions et réagissez sur les réseaux sociaux tout au long des célébrations de l'Anniversaire avec #AC40ANNI
Plus d'information sur le cycle de conférences
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