L’exposition est visible en entrée libre tous les vendredis, jusqu’au 30 avril 2022.
Visite guidée sur réservation : contact médiatrice – 04 20 03 94 75
C’est ainsi qu’Améliane Jouve, l’artiste lauréate, campe son décor. Dans une pièce de théâtre écrite par Laurent Gaudé, Cendres sur les mains. Dans un lieu sans identité et sans âge. On l’imagine éternel et suffoquant, un décor postapocalyptique. La mort domine, les cadavres entassés continuent à être livrés par camion-benne. Ce ne sont plus des corps humains, mais une masse anonyme à éliminer de la surface de la terre. De puants immondices qu’il s’agit de brûler et toujours brûler. C’est l’univers de nos deux fossoyeurs. Nous ne savons plus très bien si nous devons les plaindre ou espérer qu’ils se joignent au bûcher macabre. Mais une chose est sûre, les deux hommes sont dérangés par la pénibilité de leur emploi. Les cendres en suspension se posent constamment sur eux. C’est irritant, à la limite du supportable. Les fossoyeurs interagissent constamment car le vide pèse. Ils ne semblent pas éprouver de culpabilité, car finalement ils ne sont pas responsables, ils appliquent les ordres. En honnêtes travailleurs, ils s’interrogent sur des méthodes qui seraient plus efficaces, moins salissantes. Ils se plaignent aussi, beaucoup. Les crémateurs aimeraient pouvoir se laver. Ils aimeraient se savonner et effacer les ultimes particules de cet ancien monde.
Mais soudain l’auteur invite un corps à se lever. Quelle aubaine pour les deux fossoyeurs, qui tentent une interaction avec ce vestige resuscité. Mais pour eux, la rescapée sera muette. Elle n’interagit qu’avec les morts. Elle s’appliquera à les repositionner. Elle se penchera pour les regarder de plus près. Elle remettra correctement le col de leurs chemises. Cette femme-là, c’est le soin porté à la mémoire. Elle est issue de ce monde déchu et s’applique au respect d’un passage digne à l’incinération. Les résidus ne l’irritent pas, car elle n’est coupable de rien.
Finalement, les hommes n’ont-ils pas aussi un peu de sang sur les mains ? Ce texte est le miroir d’une civilisation qui s’efface elle-même, celle du manque de sens et de la fin inéluctable de toute chose. Conserver ce qui est en train de disparaitre, pour les générations futures, c’est le rôle des rescapé(e)s et nous n’en verrons jamais la fin.
L’artiste documente par ce biais la restauration du christ articulé de Santa-Reparata-di-Balagna par Anaïs Lechat, restauratrice de sculptures. Le corps meurtris du christ mort est dégradé par 3 siècles d’usage dans le culte de la semaine sainte. Pour autant, sa valeur est à la fois historique, cultuelle et culturelle. Issue de l’école Maraglianesque génoise, attribuée à Agostino Storace, cette œuvre est remarquable pour ses qualités artistiques et méritait une présentation muséale, même temporaire. Présent physiquement et dans nos mémoires, cet objet du patrimoine vivant est à venir découvrir dans l’exposition Mes mains s’en souviennent.
Une journée de conférence a permis d’introduire l’exposition et son sujet sous-jacent : le défi de la conservation du patrimoine vivant.
Retrouvez la documentation liée à l'événement en téléchargement ici :
Visite guidée sur réservation : contact médiatrice – 04 20 03 94 75
C’est ainsi qu’Améliane Jouve, l’artiste lauréate, campe son décor. Dans une pièce de théâtre écrite par Laurent Gaudé, Cendres sur les mains. Dans un lieu sans identité et sans âge. On l’imagine éternel et suffoquant, un décor postapocalyptique. La mort domine, les cadavres entassés continuent à être livrés par camion-benne. Ce ne sont plus des corps humains, mais une masse anonyme à éliminer de la surface de la terre. De puants immondices qu’il s’agit de brûler et toujours brûler. C’est l’univers de nos deux fossoyeurs. Nous ne savons plus très bien si nous devons les plaindre ou espérer qu’ils se joignent au bûcher macabre. Mais une chose est sûre, les deux hommes sont dérangés par la pénibilité de leur emploi. Les cendres en suspension se posent constamment sur eux. C’est irritant, à la limite du supportable. Les fossoyeurs interagissent constamment car le vide pèse. Ils ne semblent pas éprouver de culpabilité, car finalement ils ne sont pas responsables, ils appliquent les ordres. En honnêtes travailleurs, ils s’interrogent sur des méthodes qui seraient plus efficaces, moins salissantes. Ils se plaignent aussi, beaucoup. Les crémateurs aimeraient pouvoir se laver. Ils aimeraient se savonner et effacer les ultimes particules de cet ancien monde.
Mais soudain l’auteur invite un corps à se lever. Quelle aubaine pour les deux fossoyeurs, qui tentent une interaction avec ce vestige resuscité. Mais pour eux, la rescapée sera muette. Elle n’interagit qu’avec les morts. Elle s’appliquera à les repositionner. Elle se penchera pour les regarder de plus près. Elle remettra correctement le col de leurs chemises. Cette femme-là, c’est le soin porté à la mémoire. Elle est issue de ce monde déchu et s’applique au respect d’un passage digne à l’incinération. Les résidus ne l’irritent pas, car elle n’est coupable de rien.
Finalement, les hommes n’ont-ils pas aussi un peu de sang sur les mains ? Ce texte est le miroir d’une civilisation qui s’efface elle-même, celle du manque de sens et de la fin inéluctable de toute chose. Conserver ce qui est en train de disparaitre, pour les générations futures, c’est le rôle des rescapé(e)s et nous n’en verrons jamais la fin.
L’artiste documente par ce biais la restauration du christ articulé de Santa-Reparata-di-Balagna par Anaïs Lechat, restauratrice de sculptures. Le corps meurtris du christ mort est dégradé par 3 siècles d’usage dans le culte de la semaine sainte. Pour autant, sa valeur est à la fois historique, cultuelle et culturelle. Issue de l’école Maraglianesque génoise, attribuée à Agostino Storace, cette œuvre est remarquable pour ses qualités artistiques et méritait une présentation muséale, même temporaire. Présent physiquement et dans nos mémoires, cet objet du patrimoine vivant est à venir découvrir dans l’exposition Mes mains s’en souviennent.
Une journée de conférence a permis d’introduire l’exposition et son sujet sous-jacent : le défi de la conservation du patrimoine vivant.
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Lire l'article de ViaTelePaese : Fort Charlet : Améliane Jouve s'expose