Libri Mondi : Rencontres Littéraires de Bastia / Richard Krawiec, Giosuè Calaciura et Ivy Pochoda
Dimanche 15 Septembre à partir de 16h
Musée de Bastia

« Il ne faut pas donner au public ce qu’il aime, mais ce qu’il pourrait aimer », répétait inlassablement Jacques Chancel, qui appliqua avec brio ce principe, durant des décennies, avec Radioscopie et Le Grand échiquier.

In Libri Mondi, da l’iniziu, pruvemu à truvà un equilibriu suttile, quand’è no appruntemu u nostru prugramma. C’est toujours le même bonheur de donner l’opportunité aux Bastiaises et aux Bastiais de rencontrer les grands noms qu’ils et elles admirent, mais c’en est un plus grand encore de leur proposer de découvrir des auteurs et autrices d’immense talent, qui ne bénéficient pas toujours de la renommée qu’ils ou elles méritent.

La liste est longue des invités dont l’annonce de la présence à Libri Mondi n’avait pas suscité un emballement excessif, mais qui, grâce à leur talent, et à la curiosité du public insulaire, ont su se faire une place de choix au côté des noms plus connus, et bénéficient depuis leur venue d’un lectorat fidèle en Corse.

C’est cela, nous l’espérons, qui fait toute la force de ces rencontres littéraires. Défendre les livres et les auteurs et autrices que nous aimons, sans autre critère de choix que la qualité de leur texte. Et la force de leur propos.



RICHARD KRAWIEC – 16h

Richard Krawiec, romancier américain né en 1952, peint des individus fracassés, broyés par une misère aussi bien sociale qu’affective et intellectuelle. Que ce soit Billy, personnage de Vulnérables, éjecté violemment de l’enfance à 10 ans, Stewie, dans Paria, marqué au fer rouge par une blessure dans son adolescence ou encore Donjie, l’adolescent des Paralysés, qui, après un accident de voiture, se réveille à l’hôpital amputé des deux jambes, tous vont tenter de survivre dans la violence d’une Amérique qui les abandonne, une violence omniprésente, véritable malédiction s’acharnant sur les plus faibles.

On retrouve cette même Amérique en plein délitement dans son dernier roman, Croire en quoi ? : un père de famille au chômage lutte pour subvenir aux besoins de sa femme et de sa fille handicapée.

Les récits de Krawiec, sortes de mythes qui racontent notre condition d’âme errante, d’être atrophié qui s’accroche malgré tout à la vie, posent de grandes questions existentielles telle que notre légitimité à être au monde, tant notre propension à nous détruire semble irréversible.

Peintre de la noirceur, Krawiec sait pourtant dire notre humanité avec une puissance et une sensibilité rares.



GIOSUÈ CALACIURA – 17h15

Giosuè Calaciura, né à Palerme en 1960, est journaliste et écrivain. Depuis Malacarne en 1998, il a publié treize livres, salués par les lecteurs et la critique.

Dans son oeuvre, Giosuè Calaciura aborde des sujets tels que la pauvreté, les migrations, le crime organisé en Sicile, avec une formidable ambition littéraire et une grande liberté poétique. Dans un style unique et baroque, il raconte la société italienne et sonde l’âme humaine, conférant à la petitesse de ce monde la dimension du mythe.

En 2017, Borgo Vecchio, son roman le plus connu, consacre définitivement Giosuè Calaciura comme un des grands écrivains italiens contemporains.

Dans son dernier ouvrage, Pantelleria, Giosuè Calaciura décrit en cent anecdotes qui sont autant de fables à l’esprit libre, une minuscule île oubliée au large de la Sicile, perle noire entre Europe et Afrique.

La prose de Giosuè Calaciura, c’est Jerôme Ferrari qui en parle le mieux : “La langue de Giosuè Calaciura est unique, objectivement unique : c’est une langue très belle, dense, poétique, baroque, traversée de constantes inventions métaphoriques ; on ne l’oublie pas, pour peu qu’on l’ait entendue une fois.”



IVY POCHODA – 18h30

Des romans consacrés aux serial killers, il en existe des centaines. Des romans qui préfèrent s’intéresser aux victimes, on n’en connaissait pas avant d’avoir lu Ces Femmes-là, d’Ivy Pochoda.

Aucune fascination pour le mal ou la violence chez l’autrice américaine. Le tueur n’est qu’une ombre qui erre dans ce quartier déshérité du sud de Los Angeles, où cinq femmes noires se partagent un bout de trottoir, et tentent de continuer à vivre après le passage du tueur.

Ces femmes-là est un roman sur celles qui restent. Et un portrait de femmes aussi cru que bouleversant.

Il confirme le bien que l’on pense de Ivy Pochoda depuis son premier roman, L’autre côté des docks.

Diplômée de Harvard en littérature grecque classique, 38e joueuse mondiale de squash, grand prix de littérature américaine en 2018 avec Route 62, Ivy Pochoda ne cesse de surprendre, livre après livre. Et bâtit une oeuvre aussi singulière que passionnante.

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