Libri Mondi : Rencontres Littéraires de Bastia / Arthur Nersesian, Monica Sabolo et Jean-Baptiste Andrea
Samedi 14 Septembre à partir de 16h
Musée de Bastia

« Il ne faut pas donner au public ce qu’il aime, mais ce qu’il pourrait aimer », répétait inlassablement Jacques Chancel, qui appliqua avec brio ce principe, durant des décennies, avec Radioscopie et Le Grand échiquier.

In Libri Mondi, da l’iniziu, pruvemu à truvà un equilibriu suttile, quand’è no appruntemu u nostru prugramma. C’est toujours le même bonheur de donner l’opportunité aux Bastiaises et aux Bastiais de rencontrer les grands noms qu’ils et elles admirent, mais c’en est un plus grand encore de leur proposer de découvrir des auteurs et autrices d’immense talent, qui ne bénéficient pas toujours de la renommée qu’ils ou elles méritent.

La liste est longue des invités dont l’annonce de la présence à Libri Mondi n’avait pas suscité un emballement excessif, mais qui, grâce à leur talent, et à la curiosité du public insulaire, ont su se faire une place de choix au côté des noms plus connus, et bénéficient depuis leur venue d’un lectorat fidèle en Corse.

C’est cela, nous l’espérons, qui fait toute la force de ces rencontres littéraires. Défendre les livres et les auteurs et autrices que nous aimons, sans autre critère de choix que la qualité de leur texte. Et la force de leur propos.



ARTHUR NERSESIAN – 16h

Le héros de Fuck Up n’a pas de nom. Et ce n’est pas la seule chose qui lui manque. Ouvreur dans un cinéma de l’East Village, il se rêve artiste mais, en attendant, va de combines en galères, au gré de ses errances dans le sud de Manhattan.

À travers cette déambulation au ras du bitume, Fuck Up livre un portrait sauvage et cru de New-York, et de la faune qui la peuple. Son East Village, c’est le East Village d’avant la gentrification, les hipsters, et les bars à la mode. Et pour cause. Si le livre est sorti l’année dernière en France, il a été écrit il y a quarante ans par Arthur Nersesian, et s’est paré, au fil des décennies, d’une aura de livre culte, célébré par des générations de nostalgiques du Manhattan bohème et insolent des années 80.

Depuis, Nersesian a écrit une dizaine de livres, restés inédits en France. Les éditions La Croisée sont en train de remédier à ce regrettable oubli puisqu’après Fuck Up, la maison publie cette année Dogrun.

L’East Village est à nouveau le décor du roman, mais c’est cette fois une jeune femme, Mary, qui l’arpente, afin de découvrir pourquoi son petit ami est mort.



MONICA SABOLO – 17h15

« Tout ceci n’a rien n’a voir avec moi », affirmait le titre du troisième ouvrage de Monica Sabolo, publié en 2013, alors même que son héroïne était une certaine MS… Nul n’était dupe. Toute l’oeuvre de l’ancienne journaliste, née à Milan, est marquée par les lieux, les rencontres, et les expériences qui ont émaillés son parcours.

Mais c’est avec La vie Clandestine, son bouleversant dernier roman publié en 2022, que Monica Sabolo embrasse pleinement ce passé qu’elle n’avait jusque-là fait qu’effleurer.

À l’origine du livre, il y a l’envie de traiter d’une histoire qui lui est totalement étrangère, celle du groupe armé révolutionnaire d’extrême gauche. Action directe. Mais son enquête va l’amener à se confronter à un épisode traumatisant, et longtemps tu, de son enfance.

Avec une grande délicatesse, mais également une indéniable maestria dans la manière qu’elle a de mener, puis d’entremêler ces différents récits, Monica Sabolo signe un livre saisissant, que l’on devine être un jalon important au sein de son oeuvre. Il nous tarde de découvrir quelle en sera la suite.



JEAN-BAPTISTE ANDREA – 18h30

Jean-Baptiste Andrea s’est d’abord consacré à l’écriture de scénarios et à la mise en scène. Il s’essaie au roman plus tard, à l’âge de 46 ans. Un choix très vite salué par la critique.

Les thèmes traités par Andrea dans ses romans sont très divers, souvent originaux, parfois surprenants, de la sculpture dans Veillez sur elle à la musique dans Des diables et des saints, en passant par la paléontologie dans Cent millions d’années et un jour, ou encore l’enfance et ses élans avec Ma reine.

Il n’est nul besoin de résumer Veiller sur elle, le Goncourt de l’année dernière, qui a rencontré un énorme succès populaire. L’auteur cannois s’y inscrit dans la tradition des fresques romanesques à l’italienne aux accents néoréalistes. Il fait de la petite ville de Pietra d’Alba le théâtre de l’histoire de Mimo et Viola, inscrivant ces deux personnages dans les réflexions sociales et politiques des grandes transformations de l’Italie du XXe siècle.

Son ampleur, son souffle, ses pages aux accents lyriques, ont redonné leurs lettres de noblesse aux grandes fresques romanesques à la française. Et puis, ce n’est pas tous les jours que l’on croise, au fil des pages d’un Goncourt, un sculpteur nain, une fille qui se transforme en ours et une Pietà scandaleuse.

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