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CESEC

Conseil économique, social, environnemental et culturel de la Corse



Cunsigliu ecunomicu suciale
di l'ambiante è culturale di Corsica

Conseil économique social
environnemental et culturel de Corse


Résolution 2025-01 : Fléau de la drogue en Corse


Séance plénière du 25 mars 2025



Vu que :
- Nous sommes face à un problème de santé publique sérieux, voire dramatique, aux multiples conséquences à court et à long terme ;
- Ce phénomène croissant n'est ni banal, ni une fatalité, ni un marqueur de l'ère du temps ;
- Il est urgent d'analyser avec des chiffres précis le taux et le type de consommation de drogue en Corse, l'âge des consommateurs, (chiffres des contrôles routiers, délits, etc) et les conséquences ;
- Il est crucial de savoir pourquoi autant de personnes ressentent une telle envie ou un tel besoin de se droguer ;
- Il est indispensable d'apporter des réponses précises, de les contextualiser dans notre microcosme social et son histoire récente, puis de travailler sur des propositions concrètes pour préparer un avenir meilleur ;
- Il y a un lien direct entre la démocratisation de l'usage de stupéfiants, et d'une part la régression de la cohésion sociale, de nos valeurs traditionnelles d'entraide et de respect, et d'autre part l'augmentation évidente des inégalités sociales, des accidents de la route, du taux de déscolarisation, du nombre de maladies mentales, problèmes psychiques, troubles de la personnalité, prostitution de mineurs, violences intrafamiliales, dépressions, suicides, viols, faits divers sordides, violence gratuite, etc, y compris chez les adolescents, ici comme ailleurs ;
- L'idéalisation à travers les réseaux sociaux du showbiz, du monde de la mode, de la télé réalité, des influenceurs, etc, n'est pas forcément le meilleur exemple ;
- Le juste refus de stigmatiser une partie de notre population ne doit pas entraver notre raisonnement, ou édulcorer notre discours ;
- Sans émettre de jugement, sans jeter la pierre aux consommateurs, sans culpabiliser les victimes d'addiction, sans accabler leur entourage, sans verser dans la caricature, il est nécessaire de faire preuve de réalisme et d'objectivité en nommant et en assumant collectivement ce problème ;
- Exonérer les consommateurs de toute responsabilité traduit un sentiment de résignation, et d'impuissance ;
- Il est primordial d’inverser la perception de l'image cool et sans conséquence de l'usage de drogues, même douces, et du consommateur insouciant et épanoui ;
- Il faut renforcer la dissuasion, s'adresser à la jeunesse qui sera tôt ou tard confrontée au problème, en faisant témoigner ceux qui regrettent, qui ont été pris dans l'engrenage, qui ont vécu l'enfer, ont assisté à des drames, rencontré ou été des victimes directes ou indirectes, atteintes de séquelles mentales ou physiques irréversibles, et écouter des récits de vies brisées d'enfants ou de parents ;
- Cela ne doit pas détruire l'espoir de ceux qui ont déjà basculé, ou de leurs proches ;
- Les exemples, heureusement nombreux, d'histoires qui se terminent bien sont autant de messages à relayer vers ceux-là ;
- Personne n'est à l'abri de ce piège, et la moindre faiblesse peut coûter cher ;
- Sans véritable prise de conscience collective, sans un positionnement militant, nous compromettons l'avenir de notre jeunesse ;
- Nous refusons d’assister, sans réagir, à la fin tragique du peuple corse, qui participe aveuglément à sa propre disparition ;

Parce que nous devons faire preuve de courage, de responsabilité, et d'humilité, dans le but de marquer les esprits, en espérant que ça encourage chaque citoyen, chaque corse à prendre ses propres responsabilités, et à comprendre qu'avant de vouloir agir sur le monde, il faut commencer par agir sur soi-même, changer ce qui peut l'être, et porter sa pierre, si petite soit-elle, à l'édifice commun.

Nous, conseillers du CESEC de Corse, considérons que :
- On ne peut décemment parler des méfaits de la drogue tout en banalisant sa consommation, ou en feignant d'ignorer ses ravages ;
- On ne peut dénoncer une dérive mafieuse, une île mise en coupe réglée par des bandes criminelles, sans relier leur triomphe à la consommation galopante de drogues de toutes sortes ;
- On ne peut appeler à lutter contre son emprise dans toutes les strates de notre société, si on participe personnellement, à travers sa propre consommation, au financement du train de vie, du patrimoine et de la puissance destructrice des équipes de trafiquants ;
- Tant qu'il y aura des acheteurs, il y aura des vendeurs ;
- Les sommes astronomiques récoltées serviront à infiltrer et corrompre la société ;
- Face à ce constat, tout acteur, ou responsable, politique ou associatif, dans un esprit d'exemplarité, de cohérence et d'implication personnelle vis-à-vis du drame que vit la Corse, devrait volontairement être capable de déclarer publiquement qu'il ne consomme aucune drogue ;
- Un test, au même titre que lors d'un contrôle routier, ne devrait pas être interprété comme attentatoire aux libertés individuelles, ou à la vie privée des gens, particulièrement ceux qui ont la responsabilité de l'argent public ou qui prennent des décisions qui engagent l'avenir d'autres qu'eux même ;
- Ce n'est ni par défi, ni par provocation, qu'on choisit de se positionner en tant qu'acteur et non spectateur de notre quotidien et de notre avenir, pour une société libre, apaisée démocratique, digne, et fière ;
- Si rien n'est fait, si nous regardons ailleurs, si la drogue reste un tabou, ou l'expression chic et festive d'une pseudo attitude rebelle et désinvolte, nous assisterons, complices passifs, à l'aliénation de nos enfants, l'effondrement de notre civilisation, et l'histoire nous jugera, ainsi que les enfants de nos enfants.
 

Rédigé le 25/03/2025 et modifié le 25/04/2025 à 16:34