De 1284 à 1768, la Corse fut une possession de la Sérénissime République de Gênes. Cette histoire commune explique la proximité culturelle qui existe entre l’île et la Ligurie (la région génoise).
C’est ainsi que l’usage de décors éphémères de la Semaine Sainte est attesté dans les deux territoires. En Ligurie, ces décors sont souvent constitués de grandes silhouettes en carton, découpées et peintes, mettant en scène des épisodes de la Passion du Christ.
En Corse, ces décors sont généralement appelés sepolcri et sont attestés par documents d’archives depuis le XVIe siècle. Solennels et festifs, ils revêtent une grande diversité formelle. Leur structure adopte généralement la forme d’un pavillon (constituant une sorte de tente), d’une tenture ou d’un écran (isolant une chapelle latérale de l’église paroissiale). L’intérieur du pavillon, ou de la chapelle latérale isolée, va accueillir un reposoir, où une figuration du Christ mort (sculptée ou peinte), est entourée de fleurs et de cierges.
Ce dispositif va devenir, pendant toute la durée de la Semaine Sainte, une représentation concrète du tombeau du Christ, devant laquelle les fidèles vont pouvoir se recueillir. Ces sepolcri (pavillons, écrans, tentures) sont généralement ornés de scènes de la Passion, peintes par des peintres locaux.
Dans le nord de l’île, principalement à Bastia (ancienne capitale génoise), on trouve également des cartelami, très proches des modèles ligures.
De nos jours, la tradition est tombée en désuétude dans la plupart des communes de l’île. Elle est restée relativement vivace à Bastia où l’on utilise chaque année des cartelami, refaits à neuf dans les années 1957-1960.