Séminaire inaugural du diplôme universitaire en Intelligence Economique


Le 2 octobre 2018 à Bastia, le Président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni est intervenu lors du séminaire inaugural du diplôme universitaire en Intelligence Economique . L'occasion de remercier toutes les personnes à l'origine de ce cursus, tout en rappelant l'importance de ce savoir-faire stratégique.



Permettez-moi tout d’abord de remercier ceux qui ont mis en place ce diplôme universitaire et qui vont de nouveau l’animer cette année. Ce diplôme me paraît très important car il s’inscrit pleinement dans la double évolution de la Corse et du monde que l’on ne peut ignorer.

Je vois à ce DU deux qualités fondamentales que je tenais à souligner.

D’une part, comme l’atteste la composition des promotions, le DU est un lien entre le monde universitaire, le monde professionnel et économique, et les institutions. Tous œuvrent dans le même sens : la préservation et la valorisation des intérêts matériels et moraux des Corses.

D’autre part, en fournissant aux auditeurs les méthodes et les outils nécessaires pour accentuer leur vigilance, développer leurs réflexes de protection et rester en éveil, le DU crée les compétences dont la Corse a besoin à tous les niveaux de la société et dans tous les domaines. Il permet également de créer des réseaux afin de mailler la société entière. Car l’intelligence économique n’est pas qu’une affaire de spécialistes : elle doit devenir un réflexe collectif au service de l’intérêt public.
 
Le monde qui se prépare en ce début de XXIe siècle est celui de l’interconnexion, de l’interdépendance et du choix de nos interdépendances, de l’ultra compétitivité également, du développement de l’intelligence artificielle, des mutations sociales profondes et du défi écologique. Tous ces bouleversements conduiront l’Humanité là où elle ne s’est encore jamais trouvée au cours de son histoire. Nous ne savons pas encore où ils vont la mener, mais il nous appartient d’ores et déjà de tenter de profiler l’avenir, avec les difficultés et les incertitudes que cela suppose.

De plus, la Corse est confrontée à ses propres défis : le vieillissement de la population, la pression foncière qui aggrave la dépossession de la terre, la préservation de sa langue, la pollution, l’évolution de la situation en Méditerranée. Mais l’île a d’immenses richesses humaines, naturelles, culturelles, patrimoniales, matérielles ou immatérielles, qu’elle se doit de protéger et de mieux valoriser.

En premier lieu, il convient donc de nous donner les moyens de ne pas nous laisser déposséder, en permettant toutefois à d’autres de profiter de nos richesses.

Des savoir-faire traditionnels qui pouvaient paraître désuets il y a trente ans, comme la fabrication du brocciu ou de la charcuterie, sont aujourd’hui des éléments d’attractivité, de reconnaissance et de création de richesses. C’est dire qu’aucun savoir-faire de notre agriculture, de notre artisanat, de nos entreprises, à l’instar de celles portées par l’incubateur Inizià, ne doit être négligé.
En matière de recherche, des plateformes telles que Stella Mare ou Paglia Orba, doivent absolument être protégées. Comme doivent l’être notre culture, avec par exemple la Médiathèque culturelle de la Corse et des Corses, ou encore le Cantu in Paghjella qui a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. N’oublions pas non plus les figures historiques telles que Paoli et Napoléon, à partir desquelles nous sommes en mesure d’élaborer un projet de développement économique durable.  
 
En second lieu, dans le monde qui se dessine, la Corse, en dépit de sa modeste taille, doit savoir rester à la pointe de l’information.
C’est-à-dire trouver les renseignements stratégiques et utiles au bon moment, les délivrer à la bonne personne et dans le bon contexte, afin d’obtenir un avantage compétitif, pour elle et pour ses entreprises, au bénéfice des Corses.
Elle doit aussi avoir les moyens de construire et de mettre en œuvre une stratégie d’influence et de diplomatie qui la rende visible aux niveaux européen et international.

Enfin les responsables politiques doivent être en capacité de localiser les idées, les connaissances ou les stratégies, partout où elles sont disponibles, sans se restreindre à ce qu’ils connaissent, sans s’enfermer dans un périmètre géographique limité mais en s’ouvrant définitivement sur un monde créatif.
 
En dernier lieu, nos institutions et en particulier la Collectivité de Corse ont accru leurs compétences dans des domaines où il est nécessaire d’analyser les situations, tout en pressentant les évolutions, notamment en matière sociale.
Les inégalités se creusent. La paupérisation avance de manière inquiétante. L’école n’assure plus la mobilité sociale. L’employabilité va être révolutionnée. C’est la raison pour laquelle il m’a paru utile de lancer la concertation « Corsica 2035 » dont le sujet de la table ronde du 12 octobre constitue une illustration. Il s’agit d’un travail de prospective, notamment à long terme, qui utilisera les méthodes de l’intelligence économique, laquelle sera considérée dans ce cas précis comme une aide à la décision politique.
 
Nous sommes aujourd’hui – je le dis avec conviction et sans verser dans la grandiloquence – à un tournant historique, qui nous impose de mettre toutes les chances de notre côté pour préparer l’avenir. Il nous faut avoir une approche confiante dans les capacités d’adaptation et d’évolution de la Corse, dans un monde en pleine mutation.

Bien sûr, le DU est à la place qui est la sienne, mais il serait également souhaitable d’encourager un maximum d’acteurs du développement, étudiants, entrepreneurs, décideurs, agents de la Collectivité de Corse, société civile, associations, tous ceux qui contribuent à construire la Corse de demain, à appliquer des méthodes qui relèvent de l’intelligence économique.
Permettez-moi alors de conclure en remerciant les porteurs de ce DU, les partenaires et les étudiants pour cette heureuse initiative.

Felicitazione à voi tutti !

Rédigé le Mardi 2 Octobre 2018 modifié le Mardi 2 Octobre 2018

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