Napoléon, mythe christique
De par ses exploits, un héros s’inscrit dans la continuité de l’Histoire en tant que figure d’exemplarité. Un messie ne s’inscrit pas dans l’Histoire, il en est une rupture. Il la marque de son empreinte indélébile et sacrale, s’élevant ainsi à une dimension supra-héroïque. Si l’archétype messianique englobe à l’évidence la figure du Christ, messie religieux, il ne s’y borne pas. Il existe des messies sécularisés – politiques notamment – qui ont su fédérer tout un peuple autour de leur personne au nom d’un Idéal commun, créant ainsi un ordre nouveau basé sur des paradigmes inédits.
Napoléon, en ce sens, ne tiendrait-il pas davantage du messie que du héros ? En y regardant de plus près, l’image du Christ se dévoile en filigrane sous celle de l’Empereur. Telle une toile en anamorphose, elle révèle deux parcours en un, deux présences en une, que cet ouvrage analyse à travers des similitudes, certaines évidentes, d’autres plus subtiles mais néanmoins prégnantes.
En laïcisant son messianisme, Napoléon a offert à ses contemporains la matérialisation d’un empire de ce monde pour donner corps à sa quête d’universalité. Dans une période postrévolutionnaire marquée du sceau de la déchristianisation, du désenchantement du monde, d’un ciel devenu vide, il a réinjecté de la sacralité au sein du pouvoir en en rétablissant la verticalité, représenté une forme d’autorité tutélaire, transcendantale que la Révolution française avait tenté de mettre à bas.
La postérité a validé cette démarche en renforçant un mythe impérial sans cesse réactualisé.
Comme celui de Jésus, le parcours solaire de Bonaparte débute pourtant dans l’ombre de la marginalité. Appelés au même âge vers un destin plus grand qu’eux, ils ont incarné des idées, traversé les frontières, atteint le paroxysme de leur ascension avant d’être précipités dans leur chute par leurs détracteurs. Tous deux victimes de trahison, ils ont dû endurer leur via dolorosa pour que leur soient ouvertes les portes de l’éternité.
En tant que personnages immortalisés, l’Empereur et le Christ peuvent être mis en parallèle par les objectifs poursuivis, la symbolique et l’imagerie qu’ils ont générées dans l’imaginaire collectif.
Il s’agit de montrer comment cet imaginaire a cristallisé leurs caractéristiques communes qui reposent sur les mêmes ressorts mythiques, se font écho souvent et, parfois même, se superposent. En s’appuyant à la fois sur des témoignages historiques, des études contemporaines, des représentations iconographiques et littéraires ou encore sur l’anthropologie religieuse et l’herméneutique, cette argumentation s’attache à démontrer la légitimité de cette analogie qui peut, il est vrai, s’avérer déconcertante de prime abord…
Napoléon, en ce sens, ne tiendrait-il pas davantage du messie que du héros ? En y regardant de plus près, l’image du Christ se dévoile en filigrane sous celle de l’Empereur. Telle une toile en anamorphose, elle révèle deux parcours en un, deux présences en une, que cet ouvrage analyse à travers des similitudes, certaines évidentes, d’autres plus subtiles mais néanmoins prégnantes.
En laïcisant son messianisme, Napoléon a offert à ses contemporains la matérialisation d’un empire de ce monde pour donner corps à sa quête d’universalité. Dans une période postrévolutionnaire marquée du sceau de la déchristianisation, du désenchantement du monde, d’un ciel devenu vide, il a réinjecté de la sacralité au sein du pouvoir en en rétablissant la verticalité, représenté une forme d’autorité tutélaire, transcendantale que la Révolution française avait tenté de mettre à bas.
La postérité a validé cette démarche en renforçant un mythe impérial sans cesse réactualisé.
Comme celui de Jésus, le parcours solaire de Bonaparte débute pourtant dans l’ombre de la marginalité. Appelés au même âge vers un destin plus grand qu’eux, ils ont incarné des idées, traversé les frontières, atteint le paroxysme de leur ascension avant d’être précipités dans leur chute par leurs détracteurs. Tous deux victimes de trahison, ils ont dû endurer leur via dolorosa pour que leur soient ouvertes les portes de l’éternité.
En tant que personnages immortalisés, l’Empereur et le Christ peuvent être mis en parallèle par les objectifs poursuivis, la symbolique et l’imagerie qu’ils ont générées dans l’imaginaire collectif.
Il s’agit de montrer comment cet imaginaire a cristallisé leurs caractéristiques communes qui reposent sur les mêmes ressorts mythiques, se font écho souvent et, parfois même, se superposent. En s’appuyant à la fois sur des témoignages historiques, des études contemporaines, des représentations iconographiques et littéraires ou encore sur l’anthropologie religieuse et l’herméneutique, cette argumentation s’attache à démontrer la légitimité de cette analogie qui peut, il est vrai, s’avérer déconcertante de prime abord…
Biographie de Marie-Paule RAFFAELLI-PASQUINI
Native de Bastia et âgée de 31 ans, Marie-Paule RAFFAELLI-PASQUINI est docteure en lettres modernes.
Sa thèse, La construction mimétique du héros napoléonien : Napoléon et le Christ, lui a permis d’être lauréate de la Fondation Napoléon en 2019 ainsi que du prix de la meilleure thèse décerné l’année suivante par la ville d’Ajaccio.
Ce travail universitaire a été transposé en livre grand public pour les éditions du Cerf, l’année du bicentenaire de la mort de Napoléon. Cet ouvrage a obtenu le prix du Mémorial 2021, catégorie Découverte ainsi que le prix Georges Maughin de l’Académie des Sciences Morales et Politiques qui lui sera remis prochainement à Institut de France.
Sa thèse, La construction mimétique du héros napoléonien : Napoléon et le Christ, lui a permis d’être lauréate de la Fondation Napoléon en 2019 ainsi que du prix de la meilleure thèse décerné l’année suivante par la ville d’Ajaccio.
Ce travail universitaire a été transposé en livre grand public pour les éditions du Cerf, l’année du bicentenaire de la mort de Napoléon. Cet ouvrage a obtenu le prix du Mémorial 2021, catégorie Découverte ainsi que le prix Georges Maughin de l’Académie des Sciences Morales et Politiques qui lui sera remis prochainement à Institut de France.