Discorsu di a Presidente di l’Assemblea di Corsica di a sessione di i 30 è 31 di maghju di u 2024


Discours de Marie-Antoinette Maupertuis*, Présidente de l'Assemblée de Corse, prononcé le 30 mai 2024 au cours de la session extraordinaire




Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,

Vogliu principià sta sessione incù un sguardu impenseritu pè ciò chì si passa à u livellu internaziunale.
Una guerra in Ukraina chì dura, è chì si face sempre più difficiule è viulente.
Un cunflittu à Gaza chì diventa sempre più grave incù a morte di più di 30000 persone è un novu sterminiu à Rafah. L’immagine chì ci ghjunghjenu sò tremende è ùn possu stamine zitta oghje. I mo ochji cume i vostri vedenu ciò ch’ellu si passa quandu e strategie di guerra piglianu a suprana è sparisce l’umanità.
E pò à 15 000 km, un pò più luntanu, c’hè a crisa in Kanaky. Parechje mubilizzazioni è 7 vittime chì c’hannu fattu pensà à u peghju. Ramentendu chì a nostra Assemblea ha una cullaburazione incù u cungressu kanaku, è allora ch’averemu dumane u tempu di scambià annant’à a situazione incù l’analisi di 2 muzioni, vogliu dì chì a pulitica, a grande pulitica, quella chì vole scioglie i prublemi è creà e cundizioni di a pace è di u sviluppu, ùn si pò fà senza u rispettu di l’omi è di l’accordi passati.

Allora mi dicerete, induve si ponu truvà segni di speranza?

Cume a sapete, di maghju emu festighjatu u mese di l’Auropa è vogliu cuntinuà à crede chì a nostra speranza è salvezza sianu leati à u nostru esse aurupeu.
Mais, malgré un contexte électoral qui pourrait être propice à ce type de réflexions, l’heure n’est guère à la fête.
Le climat se tend également aux quatre coins de l’Union.
Nous assistons à la rencontre, malheureuse, d’enjeux électoraux, pour ne pas dire électoralistes, de très court-terme, et à l’entrée de l’Europe dans une nouvelle « phase » de son histoire, faite d’enjeux de plus long-terme, comme vient si justement de l’écrire Jean-Dominique Giuliani. Se télescopent ainsi les préoccupations du quotidien (logement, revenus de l’agriculture, violences urbaines) et les enjeux globaux (changement climatique, géopolitique, avec la guerre en Ukraine et les premières conséquences du conflit à Gaza). Et cette conjonction rappelle à quelques détails près le contexte délétère des années 30 dans lequel prospérèrent les thèses populistes.

Les derniers sondages nous font part d’une montée en puissance, sans précédent, des extrêmes et des eurosceptiques partout en Europe, en France en particulier.
Le mécontentement se diffuse au sein d’espaces et lieux de vie précis, ceux où les problèmes sont prégnants (emploi, revenu, logement, insécurité), ceux qui se sentent exclus, non représentés, ceux qui ont peur.
Cette « géographie du mécontentement » est particulièrement sensible aux propos disruptifs des extrêmes qui promettent de faire mieux, qui promettent de tout changer grâce à une lecture identitaire et religieuse des problématiques rencontrées.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire devant l’Assemblea di a Ghjuventù, cela n’est qu’un leurre contre lequel il nous faut nous ériger et qu’il nous faut dénoncer, faute de quoi nous porterons la responsabilité de la banalisation de ces idées et principes hérités d’un passé peu glorieux.

Alors me direz-vous, comment voir de l’espoir après cette analyse et à la veille d’une échéance électorale, certes proche, mais si peu médiatisée et si faiblement relayée chez nous ?
Le fait qu’elle soit si faiblement relayée et qu’elle ne suscite pas particulièrement d’élan doit déjà nous interroger.
Nous qui sommes si prompts à parler du sort du monde, aurions-nous si peu à dire sur le sort du continent qui est le nôtre, dans lequel nous puisons une bonne partie de nos racines et projetons notre destin ?
Quelles que soient les règles et configurations électorales, quels que soient les accords politiques et qui que soient les candidats corses sur les 38 listes qui concourent, nous avons, il me semble, une obligation morale de participer à cet instant démocratique solennel. En effet, les idées qui s’opposent nous concernent et il serait dangereux de s’en distancier sous prétexte que le scrutin européen n’est pas un scrutin de proximité.

Et si je continue de penser à l’espoir qu’incarne l’Europe, c’est qu’elle est partout, d’abord dans son esprit, ses valeurs, mais aussi, pour les plus pragmatiques, dans ses financements et ses soutiens.
De nos infrastructures portuaires, numériques, à nos écoles, en passant par des pépinières d’entreprises, l’agriculture ou le développement rural, ou encore des projets de recherche, en permettant la coopération avec les régions italiennes voisines, l’Europe nous a accompagné, nous accompagne et nous accompagnera si nous faisons les bons choix.
Cela est rendu notamment possible par la politique de cohésion, véritable ciment de l’Europe, pensée par Jacques DELORS comme l’indispensable complément du marché unique. Celle-ci oeuvre afin de renforcer l’intégration sociale, économique et territoriale et, surtout, participe à plus de convergence entre les régions européennes.

Or, comme je l’indiquais plus tôt, à la question électorale immédiate vient se greffer désormais l’entrée de l’Union Européenne dans une nouvelle ère.
Cette ère qui succède à celle des principes fondateurs puis à celle de la réalisation du marché unique, prend plus que jamais une tournure politique.

Les élections de juin, comme les précédentes, nous parlent d’un enjeu démocratique de fond. Oui, l’Europe est dans chacune de nos politiques et pourtant elle déçoit, frustre et concentre toutes les oppositions voire génère l’indifférence et l’abstention.
Un enjeu démocratique qui doit s’entendre par plus de participation, plus de subsidiarité, plus de visibilité de l’action européenne et surtout plus de simplification. Revisiter l’action européenne pour renouer avec l’esprit d’unité qui animait les Pères fondateurs au sortir de la seconde Guerre Mondiale, et qui nous a garanti 75 ans de paix.
Garantir aussi les moyens suffisants pour ce faire. Permettez-moi donc ici de faire un appel pour le maintien de la politique de cohésion. Représentant 1/3 du budget de l’Union, soit plus de 350 milliards d’euros sur l’actuelle décennie, elle est aujourd’hui en danger.
Je vous invite avec le Comité européen des Régions à signer l’appel conjoint en faveur de la politique de cohésion*, car : Oui, il nous faut une politique de cohésion ambitieuse menée en partenariat avec les Régions, Oui, il nous faut une politique qui les accompagne dans leur diversité, Oui, il nous faut un effort pour relancer l’économie européenne et cela sans laisser aucun territoire au bord du chemin. En particulier, les territoires comme le nôtre soumis à des contraintes structurelles nombreuses.
Attention ! Une Europe de politiques d’austérité et de repli ne pourrait que nous exclure davantage du concert des Régions et Nations qui comptent.

Oui, l’Europe c’est le 9 juin sur le plan électoral mais c’est aujourd’hui, demain et tous les jours pour nos services publics, nos investissements, notre recherche, nos agriculteurs, nos projets de coopération.

L’UE nous a donné la merveilleuse opportunité de pouvoir être libre, de pouvoir circuler sans limite aucune, elle doit désormais nous donner la possibilité de faire le choix de vivre dans nos territoires et d’y vivre décemment. Elle doit avoir la volonté et le courage de continuer à le faire en faisant les bons choix.
Cette volonté et ce courage doivent aussi être les nôtres !
Allora, pè l’Europa, pè a speranza è per a pace, vutate u 9 di ghjugnu prossimu è vutate pè e forze di prugressu !

A ringrazià vi.

* « Politique de cohésion post 2027 renouvelée pour ne laisser personne sur le bord du chemin »

* Seul le prononcé fait foi

Rédigé le Jeudi 30 Mai 2024 modifié le Jeudi 30 Mai 2024

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