Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri à l’Assemblea di Corsica,
Cari tutti, care tutte,
J’ai pris connaissance comme vous du courrier envoyé par le ministre de l’Intérieur au Président de l’exécutif le 27 avril dernier. J’y vois d’un côté un signe positif tout en restant soucieuse de ce nouveau report.
Je disais à cette tribune même, au mois de mars, que nous devions inventer un langage nouveau et commun pour dialoguer, à la fois, entre nous et avec l’Etat. Je le souhaite avec beaucoup de force, car comme je l’ai exprimé : tout processus de vérité et de réconciliation passe par ce nécessaire dialogue. Du côté Corse, je sais que nous en sommes capables et le mois qui s’est écoulé n’a cessé confirmer cela.
Alors que la discussion tarde à venir avec le gouvernement Français, nous avons sans relâche échangé avec le reste de l’Europe. Une Europe qui malgré la douleur qui sévit en Ukraine a célébré le 9 mai dernier la déclaration Schuman et la naissance de l’Union. Notre présence et notre action sur la scène européenne fut multidimensionnelle.
L’Assemblea di a Giuventù, dans toutes ses sensibilités a participé le 9 mai à une rencontre de la jeunesse européenne dans le cadre de la conférence sur l’avenir de l’Europe à Strasbourg. Ce fut pour le Vice Président et les présidents de groupe, un moment d’échange important mais aussi, à titre personnel de réelle satisfaction. J’ai en effet constaté que notre Assemblea di a Giuventù avait un fonctionnement et une implication beaucoup plus large ainsi qu’une contribution plus forte que d’autres représentations de la jeunesse européenne. Le 20 mai, des lycéens d’Aiacciu se sont réunis dans le Palazzu Lantivy pour créer un mini parlement Européen à l’initiative de la conseillère exécutive Flora Mattei et de l’eurodéputé François Alfonsi qui m’avaient invitée. Nous souhaitons résolument que notre jeunesse corse prenne intégralement sa place dans une Europe de paix, prospère, innovante valorisant sa diversité et surtout inclusive sur le plan social. Son avenir en dépend.
Pour cela, nous devons nous plus anciens, donner l’exemple.
Aussi il est important que les élus de cette assemblée s’impliquent dans le dossier européen comme l’a fait la Commission des affaires européennes en rencontrant le 12 mai au centre Europe direct de notre Collectivité avec un expert des institutions de l’Union.
Pour ma part, la même semaine, j’ai été reçue par la présidente de l’île Gotland, après avoir rencontré au parlement suédois plusieurs députés ainsi que le conseiller de la ministre de l’Environnement. Je tiens à remercier publiquement Monsieur Thomas Fourtané, consul de Suède en Corse qui a permis et facilité ces rencontres. Et même si une différence culturelle évidente existe entre latins et nordiques, nous avons pu juger dans nos échanges à quel point nous pouvions être très proches en particulier sur le projet Européen comme sur l’urgence d’actions à l’échelle locale en matière de transition écologique.
Nous avons ainsi rencontré des communautés confrontées à des problématiques graves de changement climatique, de pression touristique forte, et de nécessité de réappropriation patrimoniale. Là encore, nous avons su parler un langage commun et tracer des perspectives de collaboration stratégique pour nos peuples, en particulier sur l’impérieuse nécessité de la gestion de l’eau et celle de la transition énergétique.
Après avoir visité leurs infrastructures et entendu leur projet, il semble tout à fait plausible que leur objectif ambitieux de ne dépendre que d’électricité verte d’ici 2040 soit atteint. Sur l’île de Gotland, 50% de la production d’énergie est déjà renouvelable.
Par la suite, le dialogue s’est poursuivi aussi à l’occasion de la commission des îles de la CRPM (dont le Président Simeoni a été Président pendant 4 années). Là encore ce sont les mêmes mots posés sur les mêmes problématiques qui sont employés, malgré les singularités respectives fortes de nos territoires insulaires, que ce soit entre Gotland et la Corse, entre Mayotte et les Baléares, entre la Sardaigne et les Açores.
Nous avons parlé d’une seule voix face à la Commission européenne pour une meilleure prise en compte de nos contraintes. Dans sa déclaration finale, la commission des îles a demandé à l’Union la mise en place d’une stratégie pour les îles qui s’appuierait sur l’article 174 du TFUE selon qui stipule :
« […] une attention particulière est accordée aux zones rurales, aux zones où s'opère une transition industrielle et aux régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents telles que les régions les plus septentrionales à très faible densité de population et les régions insulaires, transfrontalières et de montagne. »
J’ai d’ailleurs le plaisir de vous annoncer que je serai rapporteur auprès du comité des régions concernant l’application de l’article 174 dans le cadre d’une politique de cohésion plus forte pour les territoires insulaires. Ce travail sera réalisé en coordination totale avec le rapport produit par le député européen Younous Omarjee « Islands and cohesion policy: current situation and future challenges », validé à la quasi-unanimité à la commission REGI du Parlement Européen le 21 avril dernier et que nous espérons voir adopté en plénière le 7 juin prochain.
Enfin, last but not least, ce « joli mois de mai », résolument européen, s’est achevé avant-hier avec la visite historique du Lehendakari, Iñigo Urkullu.
Cette visite s’inscrit dans le cadre du mémorandum signée entre la Collectivité de Corse et la communauté autonome d’Euskadi en avril 2021. A l’époque, alors que la crise sanitaire menaçait fortement notre économie et bousculait nos modes de vie, nous avons maintenu un regard résolument tourné vers l’avenir en travaillant à la coopération entre nos peuples et institutions sur trois sujets stratégiques : la langue, les relations avec la diaspora et les affaires européennes.
Là encore, bien évidemment, sur les plans institutionnels, économiques et culturels, de grandes différences existent entre la Corse et l’Euskadi. Mais nous savons que dans le contexte Européen post covid, soumis à des tentations belliqueuses ainsi qu’à une inflation qui affaiblit davantage les plus précaires, nous avons tout à gagner dans l’union de nos forces qu’il s’agisse d’échanges culturels, scientifiques ou économiques.
Ce lundi, dans cet hémicycle, le Président du gouvernement basque nous a fait l’honneur de rencontrer une grande partie des élus et des forces vives de la Corse. Ce temps politique a été très fort avec des échanges sans tabou aucun.
Je retiens notamment de l’intervention du Lehendakari que nous partageons une certaine idée de l’Europe, celle des peuples, des régions et des nations sans états. Une Europe sociale, durable, éloignée des tendances uniformisantes et qui doit avoir comme pilier pour son futur le respect de la diversité territoriale, culturelle, linguistique ou d’appartenance.
Tout au long de ce mois de mai, on m’a demandé à plusieurs reprises si la Corse faisait ses premiers pas dans la para-diplomatie. Je ne sais pas si le terme est adéquat. Je réponds invariablement que la Corse a toujours été ouverte au monde mais qu’elle doit institutionnaliser son activité diplomatique tout en accroissant ses compétences techniques en matière de coopération territoriale européenne.
U nostru prughjettu dipoi u 2015, ghjè quellu d’una Corsica chì si spanna in u Mediterraniu è in l’Europa. Una Corsica chì s’impegna in u Cumitatu aurupeu di e Regione, in l’Associu di e regione à cumpetenze legislative, a CRPM è in u parlamentu aurupeu. Eiu, difenderaghju sempre l’idea chì st’apertura internaziunale di tutta a sucetà corsa incù, cum’è capimachja è mutore a Cullettività di Corsica. Deve esse ecunomica, scentifica è culturale trà citadini in più d’esse istituziunale.
Dans le contexte du nouveau cycle institutionnel qui va s’ouvrir entre la Corse et l’Etat, nos relations privilégiées avec les autres régions seront un atout puissant. Nous savons que les régions à compétences législatives sont quasiment une banalité en Europe. Et si nous avons pris l’habitude de faire référence à des cas insulaires, d’autres exemples de régions autonomes sont particulièrement riches d’expériences et d’informations. Dans un échange mené la semaine passée avec le Président Bertin du Val d’Aoste, ce dernier m’a exposé les fondamentaux de leur autonomie en vigueur depuis 1949 mais aussi le processus étapiste qui a permis à ce statut d’émerger, de vivre, et de performer.
Nous aurons donc le plaisir en accord avec le Président de l’exécutif et le Président de la commission des compétences législatives, règlementaires et des évolutions statutaires de la Corse, Romain Colonna, d’inviter plusieurs responsables politiques de régions autonomes qui viendront nous parler de leur autonomie « au quotidien ».
Ce double travail tant sur l’autonomie que sur l’ouverture à l’Europe doit nous permettre de progresser étape après étape vers un statut qui permette de préserver les intérêts matériels et moraux de la Corse et des Corses.
Je le répète, nous en sommes tout à fait capables. En souhaitant, naturellement que cela se concrétise rapidement dans le cadre du cycle de discussions avec l’Etat et que le nouveau gouvernement s’engage comme il l’a annoncé dans le travail institutionnel qu’attend le Peuple Corse.
A ringraziàvvi.
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri à l’Assemblea di Corsica,
Cari tutti, care tutte,
J’ai pris connaissance comme vous du courrier envoyé par le ministre de l’Intérieur au Président de l’exécutif le 27 avril dernier. J’y vois d’un côté un signe positif tout en restant soucieuse de ce nouveau report.
Je disais à cette tribune même, au mois de mars, que nous devions inventer un langage nouveau et commun pour dialoguer, à la fois, entre nous et avec l’Etat. Je le souhaite avec beaucoup de force, car comme je l’ai exprimé : tout processus de vérité et de réconciliation passe par ce nécessaire dialogue. Du côté Corse, je sais que nous en sommes capables et le mois qui s’est écoulé n’a cessé confirmer cela.
Alors que la discussion tarde à venir avec le gouvernement Français, nous avons sans relâche échangé avec le reste de l’Europe. Une Europe qui malgré la douleur qui sévit en Ukraine a célébré le 9 mai dernier la déclaration Schuman et la naissance de l’Union. Notre présence et notre action sur la scène européenne fut multidimensionnelle.
L’Assemblea di a Giuventù, dans toutes ses sensibilités a participé le 9 mai à une rencontre de la jeunesse européenne dans le cadre de la conférence sur l’avenir de l’Europe à Strasbourg. Ce fut pour le Vice Président et les présidents de groupe, un moment d’échange important mais aussi, à titre personnel de réelle satisfaction. J’ai en effet constaté que notre Assemblea di a Giuventù avait un fonctionnement et une implication beaucoup plus large ainsi qu’une contribution plus forte que d’autres représentations de la jeunesse européenne. Le 20 mai, des lycéens d’Aiacciu se sont réunis dans le Palazzu Lantivy pour créer un mini parlement Européen à l’initiative de la conseillère exécutive Flora Mattei et de l’eurodéputé François Alfonsi qui m’avaient invitée. Nous souhaitons résolument que notre jeunesse corse prenne intégralement sa place dans une Europe de paix, prospère, innovante valorisant sa diversité et surtout inclusive sur le plan social. Son avenir en dépend.
Pour cela, nous devons nous plus anciens, donner l’exemple.
Aussi il est important que les élus de cette assemblée s’impliquent dans le dossier européen comme l’a fait la Commission des affaires européennes en rencontrant le 12 mai au centre Europe direct de notre Collectivité avec un expert des institutions de l’Union.
Pour ma part, la même semaine, j’ai été reçue par la présidente de l’île Gotland, après avoir rencontré au parlement suédois plusieurs députés ainsi que le conseiller de la ministre de l’Environnement. Je tiens à remercier publiquement Monsieur Thomas Fourtané, consul de Suède en Corse qui a permis et facilité ces rencontres. Et même si une différence culturelle évidente existe entre latins et nordiques, nous avons pu juger dans nos échanges à quel point nous pouvions être très proches en particulier sur le projet Européen comme sur l’urgence d’actions à l’échelle locale en matière de transition écologique.
Nous avons ainsi rencontré des communautés confrontées à des problématiques graves de changement climatique, de pression touristique forte, et de nécessité de réappropriation patrimoniale. Là encore, nous avons su parler un langage commun et tracer des perspectives de collaboration stratégique pour nos peuples, en particulier sur l’impérieuse nécessité de la gestion de l’eau et celle de la transition énergétique.
Après avoir visité leurs infrastructures et entendu leur projet, il semble tout à fait plausible que leur objectif ambitieux de ne dépendre que d’électricité verte d’ici 2040 soit atteint. Sur l’île de Gotland, 50% de la production d’énergie est déjà renouvelable.
Par la suite, le dialogue s’est poursuivi aussi à l’occasion de la commission des îles de la CRPM (dont le Président Simeoni a été Président pendant 4 années). Là encore ce sont les mêmes mots posés sur les mêmes problématiques qui sont employés, malgré les singularités respectives fortes de nos territoires insulaires, que ce soit entre Gotland et la Corse, entre Mayotte et les Baléares, entre la Sardaigne et les Açores.
Nous avons parlé d’une seule voix face à la Commission européenne pour une meilleure prise en compte de nos contraintes. Dans sa déclaration finale, la commission des îles a demandé à l’Union la mise en place d’une stratégie pour les îles qui s’appuierait sur l’article 174 du TFUE selon qui stipule :
« […] une attention particulière est accordée aux zones rurales, aux zones où s'opère une transition industrielle et aux régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents telles que les régions les plus septentrionales à très faible densité de population et les régions insulaires, transfrontalières et de montagne. »
J’ai d’ailleurs le plaisir de vous annoncer que je serai rapporteur auprès du comité des régions concernant l’application de l’article 174 dans le cadre d’une politique de cohésion plus forte pour les territoires insulaires. Ce travail sera réalisé en coordination totale avec le rapport produit par le député européen Younous Omarjee « Islands and cohesion policy: current situation and future challenges », validé à la quasi-unanimité à la commission REGI du Parlement Européen le 21 avril dernier et que nous espérons voir adopté en plénière le 7 juin prochain.
Enfin, last but not least, ce « joli mois de mai », résolument européen, s’est achevé avant-hier avec la visite historique du Lehendakari, Iñigo Urkullu.
Cette visite s’inscrit dans le cadre du mémorandum signée entre la Collectivité de Corse et la communauté autonome d’Euskadi en avril 2021. A l’époque, alors que la crise sanitaire menaçait fortement notre économie et bousculait nos modes de vie, nous avons maintenu un regard résolument tourné vers l’avenir en travaillant à la coopération entre nos peuples et institutions sur trois sujets stratégiques : la langue, les relations avec la diaspora et les affaires européennes.
Là encore, bien évidemment, sur les plans institutionnels, économiques et culturels, de grandes différences existent entre la Corse et l’Euskadi. Mais nous savons que dans le contexte Européen post covid, soumis à des tentations belliqueuses ainsi qu’à une inflation qui affaiblit davantage les plus précaires, nous avons tout à gagner dans l’union de nos forces qu’il s’agisse d’échanges culturels, scientifiques ou économiques.
Ce lundi, dans cet hémicycle, le Président du gouvernement basque nous a fait l’honneur de rencontrer une grande partie des élus et des forces vives de la Corse. Ce temps politique a été très fort avec des échanges sans tabou aucun.
Je retiens notamment de l’intervention du Lehendakari que nous partageons une certaine idée de l’Europe, celle des peuples, des régions et des nations sans états. Une Europe sociale, durable, éloignée des tendances uniformisantes et qui doit avoir comme pilier pour son futur le respect de la diversité territoriale, culturelle, linguistique ou d’appartenance.
Tout au long de ce mois de mai, on m’a demandé à plusieurs reprises si la Corse faisait ses premiers pas dans la para-diplomatie. Je ne sais pas si le terme est adéquat. Je réponds invariablement que la Corse a toujours été ouverte au monde mais qu’elle doit institutionnaliser son activité diplomatique tout en accroissant ses compétences techniques en matière de coopération territoriale européenne.
U nostru prughjettu dipoi u 2015, ghjè quellu d’una Corsica chì si spanna in u Mediterraniu è in l’Europa. Una Corsica chì s’impegna in u Cumitatu aurupeu di e Regione, in l’Associu di e regione à cumpetenze legislative, a CRPM è in u parlamentu aurupeu. Eiu, difenderaghju sempre l’idea chì st’apertura internaziunale di tutta a sucetà corsa incù, cum’è capimachja è mutore a Cullettività di Corsica. Deve esse ecunomica, scentifica è culturale trà citadini in più d’esse istituziunale.
Dans le contexte du nouveau cycle institutionnel qui va s’ouvrir entre la Corse et l’Etat, nos relations privilégiées avec les autres régions seront un atout puissant. Nous savons que les régions à compétences législatives sont quasiment une banalité en Europe. Et si nous avons pris l’habitude de faire référence à des cas insulaires, d’autres exemples de régions autonomes sont particulièrement riches d’expériences et d’informations. Dans un échange mené la semaine passée avec le Président Bertin du Val d’Aoste, ce dernier m’a exposé les fondamentaux de leur autonomie en vigueur depuis 1949 mais aussi le processus étapiste qui a permis à ce statut d’émerger, de vivre, et de performer.
Nous aurons donc le plaisir en accord avec le Président de l’exécutif et le Président de la commission des compétences législatives, règlementaires et des évolutions statutaires de la Corse, Romain Colonna, d’inviter plusieurs responsables politiques de régions autonomes qui viendront nous parler de leur autonomie « au quotidien ».
Ce double travail tant sur l’autonomie que sur l’ouverture à l’Europe doit nous permettre de progresser étape après étape vers un statut qui permette de préserver les intérêts matériels et moraux de la Corse et des Corses.
Je le répète, nous en sommes tout à fait capables. En souhaitant, naturellement que cela se concrétise rapidement dans le cadre du cycle de discussions avec l’Etat et que le nouveau gouvernement s’engage comme il l’a annoncé dans le travail institutionnel qu’attend le Peuple Corse.
A ringraziàvvi.
* Seul le prononcé fait foi