Nous venons de traverser une crise sanitaire sans précédent et de vivre une période de confinement qui aura duré presque deux mois.
Et si cette crise n’est certainement pas derrière nous, nous avions nourri l’espoir d’une réflexion qui s’engagerait autour de ce que pourrait être le monde de demain et dessinerait pour la Corse en particulier, les contours d’une société respectueuse et solidaire.
A l’évidence, le contexte n’engage malheureusement pas à entretenir un tel espoir. Les nombreuses polémiques autour de cette crise et les violentes critiques de la gestion qui en été faite par la majorité à l’Assemblée de Corse, prouvent que les postures politiciennes ont la vie dure et restent en capacité de résister à n’importe quel virus, fût-il celui qui a provoqué la mort de milliers de personnes à travers le monde...un virus qui se manifeste parfois par l’apparition d’une fièvre mystique chez des victimes qui en appellent à la Bible et au Tout Puissant pour s’ériger en l’alpha et l’oméga du catéchisme anti-nationaliste d’un front républicain dont on voir resurgir çà et là, les stigmates…des manoeuvres qui n'auront pas réussi à empêcher les victoires du mouvement national aux élections municipales de dimanche.
L’implication et le dévouement des soignants ne sont en revanche, rien moins que remarquables, et nous souhaitons aujourd’hui remercier tous ceux qui n’ont jamais failli à leurs devoirs en exerçant et, en continuant d’exercer, leurs missions dans les conditions difficiles que l’on connait.
Force est de constater que sur ce sujet du moins, les discours sont unanimes, comme ils le sont pour partager la douleur des familles endeuillées.
Force est de constater pour s’en réjouir, que c ‘est à l’unanimité que l’Assemblée de Corse a voté pour que nos prisonniers politiques bénéficient des libérations accordées pour les fins de peine, afin de prévenir une crise sanitaire en détention.
Si la non réponse de l’Etat témoigne de l’esprit revanchard et indigne qui nous est dorénavant familier, il est particulièrement consternant de découvrir que cette crise ne se résume pour certains, qu’à une parenthèse récréative dont il serait de bon ton de siffler la fin de partie.
Face au constat des défaillances et des mensonges de l’Etat, et d’une communication déroutante et illisible, cette crise aura permis de mettre en lumière la réactivité de nos institutions et des collectivités locales, comme de révéler les solidarités citoyennes qui font la vie d’un peuple.
Lors de la session du mois de juin de l’Assemblée de Corse, et alors que la cour de récréation semble inspirer des personnalités en mal d’existence, la décision initiale prise par le conseil Exécutif de repousser la rentrée des classes au mois de septembre a fait l’objet de virulentes attaques.
Brandir l’empêchement du droit à l’éducation, c’est ignorer le principe de précaution sanitaire qui a présidé à cette résolution.
Les enseignants apprécieront, qui ont dans leur très grande majorité, déployé les efforts indispensables et utilisé les moyens de communication à leur disposition pour garantir la permanence de l’instruction, seul principe obligatoire dans l’école de la République.
Le calendrier des défenseurs du droit à l’éduction aura bien tenté insidieusement de dater le décrochage scolaire à la naissance du Coronavirus.
C’est oublier que, bien avant l’ère Covid-19, les dérives de l’institution scolaire étaient déjà pointées du doigt par les professionnels de l’éducation, C’est oublier que, bien avant cet âge, sévissait déjà l’absentéisme scolaire et particulièrement celui qui vide les établissements à l’approche de l’été… un virus là aussi pour lequel aucun traitement n’est véritablement à l’étude et qui n’a pas attendu l’année 2020, ni même l’accession d’une majorité nationaliste aux responsabilités pour jeter des élèves « sur les plages et dans les bars ».
L’état de crise sanitaire a justifié de la part des autorités du pays des dispositions d’exception, des restrictions et des suspensions de libertés.
Lorsque chacun est en droit de s’interroger sur ces dispositions, leur légitimité et leurs dérives potentielles, on a pu constater que, dans l’ensemble, nous en avons tous accepté la nécessité dans les circonstances exceptionnelles d’une guerre déclarée contre la maladie.
Dans une île dont 30 % de la population a plus de 65 ans, une capacité réduite en lits de réanimation et, à l’approche d’une saison touristique qui risque de jeter des milliers de personnes sur nos côtes, l’instauration d’un bouclier sanitaire préconisé par le conseil scientifique insulaire, aurait pu créer les conditions d’une union sacrée autour de la préservation de la santé de tous.
C’était sans compter avec le jeu politique opportuniste des représentants d’un jacobinisme forcené qui n’ont eu de cesse de rappeler le principe constitutionnel de libre circulation et d’égalité entre les territoires pour tenter de faire du « Green Pass » la manifestation d’un réflexe identitaire et un outil au service des idéologies indépendantistes.
L’argument du difficile équilibre à trouver entre précautions sanitaires et logiques économiques qu’il proposait n’a pas non plus convaincu les professionnels du tourisme.
Et si nous sommes loin de sous-estimer les répercussions de cette crise, l’usage, par le gouvernement et ses représentants en Corse, d’une communication qui a consacré le « en même temps » et les exigences contradictoires, n’est pas de nature à nous rassurer ni à encourager des touristes inquiets.
On ne peut souhaiter accueillir des milliers de visiteurs, certes riches de promesses de profits, et préserver « en même temps » la santé de tous. Covid-19 n’est pas sensible à la nécessité économique.
On ne peut, non plus, envoyer des messages de confiance pour conjurer les peurs, et hasarder « en même temps » le projet, de faire croiser dans cette mer de Corse, chère à notre ministre de la Santé, des navires prêts à de funestes évacuations.
Le virus circule toujours. Les prévisions quant à une éventuelle reprise de l’épidémie ne sont pas optimistes.
Si elles étaient malheureusement avérées, et pour faire face aux différents enjeux révélés par cette crise sanitaire, nous voulons croire que la raison et la mobilisation de tous permettront de dépasser les querelles partisanes. Car nous aussi, nous en sommes persuadés, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.